Dans cette vieille danse surannée qu'est le Foxtrot, les pas ramènent immanquablement au point de départ. Une métaphore qu'utilise avec sensibilité dans sa narration le film de Samuez Maoz, ce cinéaste israélien révélé par le claustrophobe Lebanon, un brin formaliste mais très doué. Foxtrot se divise en trois parties distinctes, mais reliées entre elles, chacune avec un style différent, sans oublier une petite séquence animée et une conclusion terrassante. Fondamentalement, le film joue sans cesse avec l'absurde des situations (un soldat dont on annonce la mort par erreur, un checkpoint surtout fréquenté par les dromadaires, etc) évidentes allusions au fonctionnement de la société israélienne. Les thèmes qui fâchent ne sont pas abordés de façon militante et frontale comme chez d'autres cinéastes du pays mais avec une ironie grinçante y compris un épisode terrible en lien avec les "colonisés" palestiniens qui a d'ailleurs créé la polémique en Israël. Lion d'argent à Venise, Foxtrot parle de sujets très forts comme le deuil ou le lien entre les différentes générations, d'Auschwitz à la guerre au Liban, avec une sorte de rage rentrée et caustique sublimée par une mise en scène imaginative, parfois étouffante ou à l'inverse aérienne, instillant de l'émotion, de l'humour, de la tendresse et de la colère. 8 ans se sont écoulés entre les dates de sortie de Lebanon et de Foxtrot. Espérons attendre moins longtemps pour le prochain film d'un des meilleurs cinéastes actuels.