Deux en Un
C'est l'anatomie d'un mariage vue des deux côtés d’un jeune couple du début des années1960, les deux faces d’une même histoire racontée successivement sous deux angles différents. L’un (pas forcément...
Par
le 1 nov. 2023
1 j'aime
C'est l'anatomie d'un mariage vue des deux côtés d’un jeune couple du début des années1960, les deux faces d’une même histoire racontée successivement sous deux angles différents. L’un (pas forcément le premier, l’ordre de visionnage est indifférent) est le point de vue de la femme, l’autre celui du mari. Et les deux films se ressemblent et ne se ressemblent pas
Les films s’ouvrent sur une série de cartons, où Cayatte explique le principe de son double film, qui se terminent par « Qui a raison ? Qui a tort ? A vous d’en décider ». Le cinéaste méprisé par Truffaut, et bêtement surnommé « l'avocat du cinéma » ne quitte donc pas ici totalement les prétoires.
Mais il ne s’agit pas pour autant de désigner un coupable, de départager le Bien et le Mal. Cayatte est ici le témoin d’une culpabilité introuvable, d’un monde en perte de repères. S’il semble abandonner momentanément les grandes causes et se concentrer sur la vie d'un jeune couple, "La Vie Conjugale" lui permet d’aborder quelques grands sujets de société de l’époque : Opposition à la guerre en Algérie, revendications à plus de liberté de la jeunesse, émancipation sexuelle, avortement, emprise masculine et soumission de la femme à l’homme…
Sous les dehors d’une histoire d’amour différemment vécue, le film est un premier pas pour appréhender la situation sociale des femmes du début des années 60’, époque charnière entre après-guerre et 68, entre début d’émancipation et mouvements féministes.
Cayatte se fait le témoin de la sociologie d'une époque et se révèle parfait chroniqueur au service de ses histoires. Et on dit que dans ces années, seule la Nouvelle Vague a innové ! Ici aussi il y a de l’innovation. Intelligence du dispositif bien sûr, complexité du scénario qui multiplie les correspondances entre les deux versions de cette même histoire différemment vécue, mais aussi rythme du récit, interprétation, attention au décor, et description attentive de cette moyenne bourgeoisie vieillissante des années 60. Ce film, (sorti en 1964, la même année qu’Une femme mariée » de Godard) montre que Cayatte savait inventer, et valait beaucoup mieux que le mépris dans lequel Truffaut le considérait.
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Petites pépites négligées du cinéma français
Créée
le 1 nov. 2023
Critique lue 29 fois
1 j'aime
D'autres avis sur Françoise ou la Vie conjugale
C'est l'anatomie d'un mariage vue des deux côtés d’un jeune couple du début des années1960, les deux faces d’une même histoire racontée successivement sous deux angles différents. L’un (pas forcément...
Par
le 1 nov. 2023
1 j'aime
En 1964, André Cayatte sort de manière simultanée nommés Jean-Marc et La Vie Conjugale et Françoise et la Vie Conjugale. Ces deux films racontent la vie d'un couple, de leur rencontre jusqu'à leur...
le 5 août 2023
1 j'aime
Il est peut-être plus facile d’être dans la peau de quelqu’un d’autre (le dialogue des corps n’en reste pas moins un apprentissage prudent et délicat, même s’il peut connaître de façon trompeuse la...
le 26 mars 2024
Du même critique
Cinq ans après avoir reçu l’Ours d’argent à la Berlinale pour Benni, où elle traçait le portrait d’une fillette colérique, négligée et violente, ballottée d’un foyer d’accueil à l’autre, la...
Par
le 6 oct. 2024
12 j'aime
Le dernier film marseillais de Guédiguian, « Gloria Mundi », dressait en 2019 un constat amer, désespéré et totalement déprimant sur la société libérale, gagnée par le repli sur soi. Le cinéaste y...
Par
le 18 nov. 2023
10 j'aime
3
Film indépendant dans son expression la plus authentique et ce que le genre offre de meilleur : quelques milliers de dollars, beaucoup d'énergie et d’amour du cinéma, tourné avec une petite équipe,...
Par
le 14 juil. 2021
10 j'aime