Un trio de scientifiques, dont le couple Frankenstein, donne vie à un humain artificiel, d’une force incroyable, quasi-invulnérable, à la beauté insolente et à l’esprit d’un nouveau-né. Mais la tare manifeste de son ADN le condamne à une dégénérescence précoce, physique, douloureuse et létale, à l’image de l’Homme, ce qui les pousse à l’euthanasier. Le monstre enfantin panique et s’échappe du laboratoire. Il devra son enseignement de l’humanité à la rue, aux foules hostiles, aux flics brutaux, aux voyous crapuleux, et grâce au soutien d’un chien, d’un vieux clochard aveugle et d’une prostituée, images vivantes actualisées de l’amitié, de la paternité et de la féminité.
Une énième version de l’histoire du monstre de Victor Frankenstein, dans une ambiance de ville moderne, issu d’une science froide et violente, et baignant dans la barbarie de la rue. Tous les thèmes du roman original sont là : laideur et solitude du monstre infantile, redoutable malgré lui, victime de son apparence, de son ignorance et de la peur des gens, simple et légitime envie de vivre et de retrouver ses « parents », haine de soi, puis envers un père créateur méprisant, dont l’orgueil le pousse à concurrencer les dieux, et qui se verra condamné par sa propre créature, l’approche risquée de celle-ci avec l’enfant fragile, avec l’aveugle, la fuite perpétuelle devant la férocité et l’incompréhension humaines, l’élan désespéré de justice, l’auto-mise à mort.
Génétique, chimiothérapie et clonage remplacent foudre, greffe et chirurgie. Prolifération tumorale, congestions et bubons remplacent cicatrices, coutures et raideurs. La transposition moderne du chef d’œuvre n’a d’original que sa forme, mais son ingénieuse mise en scène parvient à un spectacle efficace qui marie monstruosité, innocence et compassion, avec l’accent extrême, urbain et ultra-violent, puisqu’ainsi est devenu le monde.