Pour son quatrième long-métrage, le trublion Mel Brooks s'attaque à sa première parodie assumée en adaptant à sa sauce la tétralogie de Frankenstein d'Universal. Épaulé par le fidèle Gene Wilder (qui refusera de participer si Brooks était à l'écran), les deux comiques signent un scénario brillant et inspiré contenant tous les éléments primordiaux du roman et des films des années 30-40 pour en extraire le meilleur et par conséquent le plus drôle.
Bien plus burlesque que Le Shérif est en prison, qui parodiait déjà les westerns avec un style particulier, le long-métrage tire principalement sa force de sa mise en scène, Brooks délivrant plus un hommage époustouflant qu'un pastiche mal fagoté, filmant en noir et blanc dans les vrais décors des Studios Universal, usant de moyens dingues pour retranscrire l'inoubliable ambiance des vieux films. Le résultat laisse sans voix, si bien que l'on se demande parfois si le film n'a justement pas été tourné à la suite du Spectre de Frankenstein, dernier film en date sorti en 1942.
Autour d'un casting forcément génial comprenant bien entendu Wilder en petit-fils du célèbre docteur fou, l'atypique Marty Feldman en Igor malicieux, la fidèle Madeline Kahn en assistante transylvanienne et ce cher Peter Boyle en pauvre Créature malchanceuse, Frankenstein Junior déborde de running gags finaux, d'allusions sexuelles disséminées avec parcimonie, de jeux de mots inventifs et de séquences jubilatoires (la rencontre entre la Créature et le vieil ermite aveugle, interprété par un Gene Hackman méconnaissable, est un grand moment de comédie).
Iconique, imaginatif et terriblement corrosif, Frankenstein Junior reste une œuvre culte, dépassant le stade-même de la parodie pour s'apparenter avec humilité à un vibrant hommage à la fois hilarant et touchant. L'un des meilleurs Mel Brooks et une comédie irrésistible qui ne prend visiblement pas de rides. À noter un doublage VF tout juste correct en dépit de certaines vannes passant naturellement à la trappe.