Après des années et des années - dix en fait - d'attente, je me suis enfin décidée à regarder ce film dont les mérites m'étaient tant vantés jusqu'à présent.
Vantage injustifiés ? Que nenni.
Frankenstein nous offre un pur moment de bonheur, une parodie comme on en voit plus guère et de quoi se remonter le moral.
(Et comme un plaisir n'arrive jamais seul, la VOST est indispensable)
Le casting tout d'abord. Nous retrouvons avec plaisir une joyeuse bande accoutumée à travailler ensemble.
Gene Wilder est ici au top du top. Son charme et son énergie crèvent l'écran et il se passe des grimaces et gesticulations qui peuvent parfois s'avérer superflues. Assurément, si mon prof de neuro lui avait ressemblé ne serait ce qu'à moitié, j'aurai assurément poursuivit dans cette voix. Passionné dans son rôle de savant en mal de reconnaissance pour ce qu'il est, hanté par son passé, mais curieux et scientifique avant tout, il opère avec brio sa transformation de Fronkonstine en Frankenstein. La juste dose de classe et de démence pour un personnage attachant du début à la fin.
Marty Feldman, que j'avais adoré en inspecteur-magnétophone dans Sherlock Holmes's smartest brother est ici tout aussi bon sinon plus. Avec son regard si étrange et son visage si particulier dont il joue à la perfection, il interprète Igor avec talent. Totalement délirant, ce bossu à la bosse interchangeable et au courage tout relatif donne la première réelle touche de bizarrerie comique du film et contribue à lui donner ses couleurs. La scène où il tente de séduire la fiancé de son patron est juste grandiose et me ferait toujours sourire, quand bien même je la verrais mille fois.
C'est aussi avec un grand plaisir que l'on retrouvera la charmante Madeline Kahn (cliente du petit frère Holmes et chanteuse allemande de cabaret dans le shérif est en prison), même si son rôle est moindre. Sa participation à l'éducation de la créature n'aurait put être remplacée par nulle autre.
Côté femme, le casting ne s'arrête pas là et nous permet de découvrir la charmante Tery Carr en Iga, laborantine vraisemblablement plus experte en matière d'amour qu'en expériences scientifiques. Sans jamais tomber dans la vulgarité (comme c'est malheureusement souvent le cas dans les comédies et parodies de nos jours), elle apporte féminité, charme et plaisir coupable à ce film (j'en connais qui rouleraient bien dans le foin avec elle !)
Cloris Leachman quant à elle, apporte avec son terrible accent et son air renfrogné la juste dose de folie à son personnage totalement amoureuse de son défunt maître et tout aussi rigide dans ses actes. Un chouilla manipulatrice, son regard briller de la lumière qui entraîne les bons sur la mauvaises pente.
Mais malgré ce casting formidable, la vraie star reste l'interprète de la créature. Et quel interprète ! Peter Boyle est absolument éblouissant dans le rôle. Touchant et comique tout en étant monstrueux, il donne la juste dose de monstruosité et de douceur à la Créature. Un gars tendre et une bête de sexe derrière ses airs bourrus, tenons nous le pour dit ! Tout comme le reste du casting, il est marrant sans être ridicule, touchant sans être niais et effrayant tant dans ses grognements et son attitude que par son maquillage.
La petite troupe sert un scénario totalement délirant reprenant le fil de l'histoire après que Marry Shelley l'ai arrêté. Son Frankenstein était une mise en garde contre certaines expériences de son époque et le manque d'éthique des scientifiques, Frankenstein jr est une parodie nous apprenant à ne pas nous fier aux apparences et à aller joyeusement de l'avant, même si l'on est dans la mouise.
Les lumières, les costumes quant à eux, mettent en valeur le noir et blanc de ce qui qui n'aurait pu être meilleur en couleur. L'image est belle et nous renvoi agréablement aux vieux films des années 40 et à ces vieilles productions horrifiques. L'ambiance en bénéficie largement et ce choix met en valeur à la fois les personnages et le maquillage de la Créature. De simples jeux de lumières et un peu de noir et blanc, voilà de quoi rivaliser largement avec bien des films, modernes basés sur les effets spéciaux et compagnie.
Ambiance au top, acteurs excellent et scénario complètement déjanté, pour ma part, je n'en demande pas plus. Cette parodie bien tournée donne la pêche et rend hommage à un genre et à un savoir faire (parodier sans sombrer dans le ridicule, le vulgaire ou le débile) que l'on a tendance à oublier.
Un 9/10 peut être légèrement sur-noté, mais comme techniquement parlant et émotionnellement parlant il m'a comblé (et que c'est moi qui commande), 9/10 ce sera !