Quand un PNJ commence à prendre des libertés. Un film divertissant à voir sur le thème du jeu-vidéo.

Le monde virtuel est un univers qui a été exploité maintes et maintes fois par les producteurs d’Hollywood. Le dernier en date était Ready Player One de Steven Spielberg qui a été un chef d’œuvre extrêmement bien réalisé. En 2021, c’est Shawn Levy qui réalise le projet avec Ryan Reynolds dans le rôle principal. Comme Ryan Reynolds est surtout connu pour jouer Deadpool et que Shawn Levy n’a pas d’excellents films dans sa filmographie (en dehors de Real Steel qui est probablement son meilleur film), il y avait de quoi avoir quelques craintes. Malgré tout, il fallait quand même lui laisser sa chance, surtout quand on a pas vu un long-métrage de sa part depuis 2014 avec La Nuit au Musée 3 : Le secret des Pharaons. Bref, Shawn Levy a t-il réussi à faire un bon long-métrage ? Honnêtement oui, ce n’est pas un long-métrage exceptionnel mais il a su faire un film divertissant qui fait passer le temps et avec des bonnes idées.

Positif

• Guy (Ryan Reynolds) est un homme lambda créé dans cet univers qui vit sa vie paisible et parfaite comme si de rien était. Il va se retrouver mêlé à tout ça sans le vouloir parce qu’il est tombé amoureux de Millie. Le fait que ce soit un personnage principal qui n’a pas de réel talent ou quoi que ce soit (enfin, au début…) est une bonne idée. Il rappelle un peu Emmett de La Grande Aventure Lego, il adore sa vie de tous les jours mais se retrouve mêlé à ça en voulant changer les choses. De plus, ça lui apporte un développement intéressant dans le fait qu’il aimerait changer ses habitudes par rapport aux autres personnages. Vraiment, c’est un personnage principal qui se tient dans ce long-métrage.
  Millie (Jodie Comer) est une femme qui utilise un avatar dans le jeu Free City afin de retrouver une preuve qu’elle est une des créatrices du jeu et qu’elle s’est fait voler sa création par Antwan. C’est une femme avec un certain caractère, et un peu égoïste au début, mais qu’on peut comprendre. Tout ce qu’elle veut, c’est récupérer le jeu sur lequel elle a travaillé, elle veut récupérer le projet qui lui tient tant à cœur.
  McKey (Joe Keery) est un des co-créateurs du jeu Free City qui connaît très bien Millie mais qui a accepté sa condition de ne s’occuper que des requêtes des joueurs contre les bugs et les hackers. Contrairement à Millie, il avait accepté que le jeu ne soit plus le sien et arrivait à se contenter de sa vie actuelle, même si il se remet en question. C’est un personnage qu’on comprend aussi, même si on est plus du coté de Millie et qu’on aimerait qu’il l’aide un peu plus.
  Buddy (Lil Rel Howery) est le meilleur ami de Guy, c’est un agent de sécurité qui ne fait que son travail et qui a peur de l’inconnu. C’est un PNJ qui ne veut pas faire autre chose que ce qu’il fait par peur de ce qui pourrait arriver, ce qui peut se comprendre aussi. Là où Guy est prêt à changer les choses, Buddy n’ose pas tenter quoi que ce soit parce qu’il a peur du changement, ce qui est encore plus compréhensible pour une PNJ qui est programmé pour n’être qu’un personnage fonction à la base.




• Antwan (Taika Waititi) est le PDG de la société qui s’occupe de Free City et on voit bien que c’est un personnage détestable qui ne pense qu’au profit et à l’argent en se fichant de la créativité du jeu. Il rappele certaines compagnies de certains jeux (notamment Epic Games avec Fortnite et Activision avec Call of Duty) mais c’est une bonne chose d’en avoir fait l’antagoniste du film. Là où Guy veut changer ses habitudes et devenir plus libre, lui ne cherche qu’à exploiter le jeu pour se faire le plus d’argent possible (pas mal de parallèle avec Fortnite là…). Bref, Antwan a beau être un mauvais PDG par le fait qu’il préfère penser au profit qu’à la liberté artistique des développeurs, ça reste un personnage qui se tient bien dans cette histoire.




• Les effets spéciaux de ce long-métrage sont plutôt pas mal. Ils ne sont pas exceptionnels mais ce sont des effets spéciaux qui fonctionnent assez bien ici. Après, on pourrait discuter sur le fait que les effets spéciaux du jeu soit discutable du point de vue des ordinateurs et que le jeu ne fait pas si réaliste mais ce n’est pas un drame. Un jeu-vidéo d’aujourd’hui cherche à être réaliste dans ses graphismes mais ça reste un jeu-vidéo et un jeu-vidéo a ses limites, même par rapport au réalisme voulu. Bref, les effets spéciaux sont d’assez bonne facture dans l’ensemble du long-métrage.




• En terme de symbolisme, il y a pas mal d’éléments qui fonctionnent bien dans ce long-métrage. Que ce soit le jeu pour Antwan, une exploitation pour l’argent et le profit uniquement sans envie créative avec la suite, Guy pour ce monde, une chance de pouvoir changer les choses et empêcher que les PNJ ne soient que des personnages fonction du jeu… On ne va pas tout citer mais il y a réellement pas mal d’éléments de symbolisme intéressant dans ce long-métrage.




• Le long-métrage démarre par l’introduction au monde virtuel du point de vue d’un héros badass qui fait des actions spectaculaires jusqu’à ce qu’on s’arrête sur Guy et sa vie de tous les jours. C’est une introduction intéressante pour comprendre la différence entre les héros aux lunettes de soleil et Guy qui est un PNJ normal de ce monde. Ça nous donne aussi envie d’en savoir plus sur ce qui va arriver à Guy dans la suite de l’histoire.




• Alors que Guy profite de sa petite vie parfaite et, trop, répétitive, il fait la rencontre de Millie pour qui il a le coup de foudre. Il va alors chercher à a retrouver et l’impressionner en changeant ses habitudes, ce qui ne plaît pas aux programmateurs qui cherchent à le supprimer et à comprendre pourquoi il agit ainsi. C’est une histoire assez intéressante qui nous donne envie d’en savoir plus sur ce qui va lui arriver.




• Le jeu d’acteur est de bonne qualité dans l’ensemble. Chaque acteur et actrice de ce long-métrage s’investissent dans leurs rôles et ça se voit. Il y a peut-être un ou deux acteurs qui ont du mal (comme Utkarsh Ambudar) mais ça reste un jeu d’acteur travaillé dans l’ensemble. Notamment avec Ryan Reynolds qui sort un peu de son jeu d’acteur Deadpoolesque.




• La relation amoureuse qui se créait entre Millie et Guy est assez intéressante à suivre dans ce long-métrage. Entre Millie qui est une humaine qui s’ouvre enfin à quelqu’un et Guy qui, par ce coup de foudre, va changer pour lui plaire, il y a de quoi faire dans cette relation. Bref, c’est réellement une relation amoureuse assez mignonne à suivre.




• Il y a plusieurs évolutions à suivre dans ce long-métrage, surtout avec Guy. Millie apprend à penser aux autres au lieu d’elle-même, McKey ouvre les yeux sur sa création pour reprendre ce qui lui appartient et Guy est un PNJ qui prouve que certains PNJ peuvent évoluer en ce qu’ils veulent malgré qu’ils ne soient qu’un ligne de code.




• Si on oublie les références forcées du combat contre Dude, les références sont plutôt pas mal dans l’ensemble. Que ce soit la vue FPS ou le monde en lui-même qui rappelle un peu Grand Theft Auto Online, on sent que les références ne sont plutôt pas mal ici.




• L’univers de Free City est un univers avec beaucoup de choses qui nous donnent envie de voir encore plus. Que ce soit par l’univers en lui-même ou ses règles, on a un univers assez intéressant qui nous donne envie d’en voir encore plus.




• Les décors sont assez jolis. Que ce soit dans le monde réel ou dans le monde virtuel, on peut voir que les décors ont été travaillés comme il se doit pour nous offrir d’assez beaux visuels et rendre les lieux plus convaincants à l’écran.




• Les costumes définissent assez bien les personnages. Quel que soit le personnage qu’on voit, on sent que les costumes ont été très travaillés et qu’ils arrivent à bien définir les personnages, notamment Antwan et Guy.




• La fin est assez belle à suivre après tout ce qui s’est passé. C’est une fin méritée pour Millie mais aussi pour Guy après tout ce qu’il a accompli pour ce monde. Bref, c’est réellement une belle fin à voir après tout ça.




• Ce long-métrage arrive à surprendre sur pas mal de points. Ce n’est pas parfait mais on arrive à être surpris en voyant ce qui se passe dans certaines séquences, ce qui évite qu’il soit aussi prévisible.




• La mise en scène de ce long-métrage est plutôt pas mal. Ca se voit surtout en dehors des scènes d’action mais c’est réellement une mise en scène d’assez bonne qualité qui nous est proposé ici.




• La majorité des musiques de ce long-métrage sont plutôt pas mal. En dehors des musiques en copyright, les musiques sont réellement de qualité tout en étant assez agréables à écouter.

Négatif

• Non pas que les références sont mauvaises mais certaines d’entre elles sont un petit peu trop abusées, surtout lors du combat entre Guy et Dude. Peut-être qu’il aurait mieux valu ne pas rajouter les musiques derrière, tout le monde savait déjà de quelle référence il s’agissait et ça l’accentue un peu trop pour la rendre trop voyante. C’est dommage car il n’y a que dans ce combat que les références sont un petit peu abusées, surtout quand la forme prime sur le sens (notamment avec le Portal Gun).




• Concernant l’humour, il y a des blagues qui fonctionnaient assez bien à certains moments et d’autres fois où ça ne marchait pas. Certaines blagues donnent l’impression d’être un peu en mode Deadpool. Par exemple, la phrase C’est comme perdre ma virginité mais dans ma bouche donne l’impression que c’est une phrase à la Deadpool. Enfin bref, l’humour est quand même drôle à certains moments, c’est juste qu’il ne marche qu’une fois sur deux.




• Mettre des ralentis dans ce long-métrage n’est pas forcément une mauvaise idée mais certains semblent un peu de trop. Qu’il y ait des ralentis quand Guy rencontre Millie et tombe amoureux d’elle, pourquoi pas (même si c’est un peu cliché). Par contre, avoir un ralenti sur le héros du début qui tire au lance-grenade sur les policiers, ce n’était peut-être pas nécessaire. C’est un détail mais il aurait peut-être fallu que certains ralentis ne soient pas faits.




• Le monde des jeux-vidéos est un monde assez étrange mais connaissez-vous un jeu qui chiffre les dégâts que vous faites sur un véhicule avec une arme à feu ? Personnellement, non. Et d’ailleurs, si il chiffre les dégâts en tirant sur le véhicule, pourquoi ce n’est pas le cas pour le mur et les autres joueurs alors ? Bref, c’est un détail mais ça aurait été sympa que la règle ne soit pas là ou qu’elle s’applique sur tous les éléments du jeu.




• Les musiques sont bonnes mais certaines musiques copyrightées sont un petit peu abusées. Par exemple, la musique Wrecking Ball de Miley Cyrus quand il tente d’attraper la grosse boule de démolition nous sort un peu du long-métrage. C’est un détail et, même si la musique est sûrement bien choisi, ça nous sort quand même du long-métrage un court instant pour nous rappeler que cette musique existe en vrai.




• Étrangement, Shawn Levy a choisi de faire des plans avec la caméra un peu de travers, ce qui est assez étrange comme choix. C’est le cas quand il boit son premier café devant la caméra par exemple. En vrai, ce choix de mise en scène est sûrement pour dire que Guy est entouré d’un monde où il est le seul qui va essayer de changer les choses mais ça reste un choix de plans discutable.




• Malheureusement, quelques petites scènes sont rallongées par des blagues forcées et inutiles. Par exemple, c’est le cas quand Guy vient chercher les infos pour Millie et qu’il tombe sur un gardien joueur qui lui demande tout et n’importe quoi. Peut-être qu’il aurait mieux valu raccourcir ces quelques scènes, non ?




• Mine de rien, la tension ne fonctionne pas tant que ça. On a du mal à ressentir de la tension pour Guy et Millie et croire qu’il pourrait leur arriver quelque chose. Même lorsque la tension augmente, on a du mal à avoir peur pour Guy. Enfin bref, ils ont essayé mais la tension n’est pas si efficace que ça ici.




• En terme d’émotion, ce n’est pas terrible. Ce n’est pas qu’elle est mauvaise, c’est juste qu’on ne ressent pas grand-chose en regardant ce long-métrage. C’est regrettable car certaines scènes sont tout de même travaillées mais ça reste difficile de ressentir de l’émotion pour nos personnages.

Au final, ce long-métrage est assez divertissant à découvrir malgré qu’il ne soit pas au niveau d’un Ready Player One. Il saura plaire aux fans de monde virtuel et offrir un visionnage qui saura vous faire passer le temps. On a une histoire classique mais qui se tient, des personnages assez bien développés, un univers assez sympathique à découvrir, un jeu d’acteur plutôt pas mal et des décors de bonne qualité. Après, l’humour n’est pas souvent drôle, les musiques en copyright nous sortent un peu du film et certains choix de mise en scène sont discutables. Malgré ses défauts, si vous cherchez juste un petit long-métrage divertissant à voir sans vous poser de questions, alors ce long-métrage arrivera à vous plaire comme il se doit. Pour ma part, le visionnage ne fut pas trop mal et ça m’a fait plaisir de voir que Ryan Reynolds est un petit peu sorti de son personnage de Deadpool avec ce film. Et, même si je préfère largement revoir Ready Player One de Steven Spielberg, ça reste un petit long-métrage divertissant qui nous a été offert par Shawn Levy.