"Et si, on faisait un film sur le jeu-vidéo ?" S'exclama Shawn Levy avant de se prendre une balayette du futur.
Dans un monde qui tourne rond, c'est comme ça que cela aurait dû se passer, mais la réalité est souvent tout autre. Alors, il nous pond une énième œuvre sans inventivité, piochant dans les dialogues restant du coffre à dialogue de Hollywood. Tout est là, Ryan Reynold qui joue un imbécile méta, une romance complétement factice et une esthétique surprenante dans sa médiocrité tant la vie y est absente.
Mais attention, car ce film n'est pas juste inintéressant pour les cinéphiles, mais aussi pour les joueurs et joueuses, dont il se permet évidemment un portrait oscillant entre caricature de south park et enfants décérébrés. Malgré sa tentative d'aseptiser au possible cet univers au point d'en retirer tout sens, l'insulte est toujours présente, dans la longue lignée des films sur le jeu-vidéo comme Ultimate Game.
Alors attention, tout n'est pas à jeter, notamment quelques pointes d'humour qui font mouche, entre 30 autres, et je me suis surpris à apprécier l'intrigue de vol de jeu et le message, encore plus en surface que ceux du MCU, sur la vie artificielle. Mais cela ne sauve absolument pas une œuvre sans aucun talent d'écriture.
En effet, chaque moment de tension est tellement mal introduit que l'on n'a pas le temps de comprendre que l'on doit ressentir du stress que c'est déjà résolu. Comme s'ils avaient écrit le script en plaçant des petits cubes par-ci par-là :
- Hop ! Le p'tit moment d'amour ici... Hop là le gentil, il a gagné, ou non ? Haha, on ne sait pas, c'est génial ce que je crée...
- Ah, Zak, par contre, on ne peut pas mettre le moment d'amour là, il n'y a aucune tension romantique entre les deux. Elle le trouve con même, on a écrit ça hier.
- Je suis un cinéaste !
Au lieu d'utiliser leur concept pour proposer une mise-en-scène et une écriture originale, ils ont décidé de le transformer en n'importe quel film d'action (d'ailleurs l'action dans le film ne le soutient même pas, car elle est très pâle) en faisant des scènes habituelles, mais attention, différence : Ryan Reynolds est complétement con, donc c'est un jeu-vidéo !
Et là ! Bam ! Une bonne idée, qui sort de nulle part, et qui utilise bien le concept du jeu-vidéo. La révélation dans les reflets du volet, révélant qu'il a bien volé le code du jeu. Même si ça ne marche techniquement pas comme cela, on accepte aisément l'idée. Prouvant que le problème ici, ce n'est pas que le jeu-vidéo n'est pas réaliste, c'est surtout qu'il n'est pas inspiré. C'est un GTA-like, mais avec des néons, des systèmes improbables et des logiques stupides. Et au final, rien n'a de sens.
En plus de cela, avoir eu la prétention de présenter des personnages de développeurs était assez présomptueux venant de mecs ayant certainement jouer à MW2 en 2013 avant de ne plus jamais toucher une manette de leur vie. Car ceux-ci, en plus d'être des ânes, sont capables de modifier la map à leur guise et de manière impressionnante en appuyant sur entrer, ou en rentrant une petite ligne de code. Mais, en regardant les logs du jeu, personne ne s'est déconnecté en plusieurs secondes. Oh, le deadgame. Ce genre de représentation si peu inspiré aurait dû rester en 2001, lorsque le médium jeu-vidéo n'était pas encore bien compris.
Aussi, il y a Wrecking Ball, dans un film en 2021, en faisant officiellement un film de boomer déconnecté (je ne me lancerai pas sur les choix de musique du film sinon je vais en finir).