En pleine guerre de sécession, Newton Knight est enrôlé de force au sein de l'armée sudiste. Alors qu'il voit son neveu mourir dans ses bras, il décide de fuir cette guerre qui n'est la pas sienne et de vivre comme un homme libre. Inspiré d'une histoire vraie, Free State of Jones ressemble à s’y m'éprendre (du moins durant 1h30) à une adaptation de Robin des Bois version guerre de sécession. Tout y est, du groupe d'hommes libres voulant rendre la justice en volant aux riches pour donner aux pauvres, à la forêt de Sherwood remplacée ici par un marais de Louisiane. L'on retrouve aussi les figures connues, du Prince Jean (en général sudiste) à Marianne (en esclave noire) en passant par le shérif de Nottingham devenant ici un officier pillant les fermes les plus pauvres pour enrichir l'armée confédérée.
Cette parenté évidente est symptomatique d'un des plus gros problèmes du film. Il fonctionne bien mieux en tant que récit de fiction qu'en tant qu'adaptation historique. La dramaturgie du film est régulièrement trop manichéenne et rend le récit peu crédible, ce qui est un comble pour une histoire vraie. Les gentils sont tellement gentils et les méchants tellement méchants que l'ensemble perd en cohérence ce qu'il gagne en symbolisme. La figure de Newton Knight, présenté ici sans la moindre zone d'ombre, ressemble bien plus à un mythe qu'à un personnage ayant réellement existé. Si les 30 dernières minutes du récit tentent tant bien que mal à le rattacher à la réalité des faits au travers d'un vrai rush narratif, le mal est déjà fait. Cette dernière partie apparaît d'ailleurs plus comme une figure imposée que comme un véritable choix artistique. Il en est de même pour les flashforwards se déroulant une centaine d'année après les faits. Si l'idée n'était pas forcément mauvaise, dans une adaptation qui a pour parti pris d'être traitée comme une fiction, elle semble anachronique.
Le choix de placer Gary Ross à la tête du projet ne semblait certainement pas le meilleur. S'il s'agit d'un metteur en scène sympathique ayant réalisé quelques bons films, notamment Pleasantville, il n'a certainement pas la maîtrise pour équilibrer le mythe et l'historique au sein d'un récit comme Mel Gibson l'avait fait avec Braveheart, par exemple. Il semble de toute façon évident que le projet s'est monté uniquement sur le nom de Matthew McConaughey. Passé en 10 ans de playboy de comédie romantique connu pour ces abdos, au symbole de l'acteur version Actors Studio, il est devenu une marque de fabrique. D'ailleurs, la promo du film était très claire, après Interstellar, Mud, Dallas Buyers Club, Killer Joe et True Detective, venez voir la nouvelle performance de Matthew McConaughey ! À ce petit jeu, c'est vrai qu'il est une nouvelle fois excellent. S'il est peut-être un peu moins impressionnant que par le passé, c'est surtout parce qu'il a moins à défendre, son personnage manquant clairement d'ambivalence. Face à lui, le reste du casting a du mal à exister. Je retiendrai quand même un très bon Mahershala Ali dont j'aurais souhaité voir le personnage plus développé.
Au final, s'il n'est pas forcément mauvais, le film est quand même assez raté. Il emprunte trop à la fiction pour être un bon récit historique et veut, paradoxalement, systématiquement, se rattraper à la réalité des faits au travers d'éléments isolés qui semblent un peu tomber comme des cheveux dans la soupe. Distrayant mais pas assez équilibré pour se démarquer, Free States of Jones n'est au final que « la nouvelle performance de Matthew McConaughey ». Les studios l'ayant vendu comme tel, l'on peut dire qu'ils ont été honnêtes sur le coup ...
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