Régulièrement, je m'étonne de voir débarquer certaines productions en VOD tant elles auraient eu leur place en salle. C'est le cas cette année avec Before I Wake. Même si d'autres sorties VOD m'ont beaucoup plu ces derniers temps (comme Bottom of the World ou I Don't Feel at Home in this World Anymore), aucun de ces films n'avait le potentiel commercial pour sortir en salle. Par contre, ce n'est pas le cas de Before I Wake. Je suis loin de trouver le film parfait, il est même assez mauvais sur certains points. Cependant, quand on voit le niveau des productions horrifiques sortant en salle, je me demande pourquoi un film offrant un concept original, un boogie man bien foutu et un casting solide (Kate Bosworth et Thomas Jane quand même...), se retrouve fourgué dans les fonds de tiroirs de Netflix...
Le concept du film est ultra simple et efficace, Cody, un jeune orphelin, a la capacité quand il rêve de donner naissance à ceux-ci. Abandonné de toute part, il est adopté par un jeune couple qui vient de perdre leur enfant. Malheureusement, si les rêves de Cody prennent vie, il en va de même pour ses cauchemars, en particulier pour une créature qui le hante : le Cancerman. Vu comme ça, on pense assez directement aux Griffes de la Nuit mais le film choisit une approche bien plus sensible. Certains vont probablement voir ça comme un gros mot, mais à titre personnel j'ai eu un peu l'impression de voir une mise en scène à la M. Night Shyamalan. En préférant le développement des personnages au spectaculaire, le film m'a souvent fait penser au travail du réalisateur du Sixième Sens. On ressent très vite une vraie empathie pour le personnage de Cody qui est ultra attachant dans son envie de se faire aimer et qui tente comme il le peut et avec sa logique d'enfant de combattre son don. Certains pourraient regretter cette approche anti-sensationnelle alors que le domaine du rêve aurait pu être la porte ouverte à pas mal de délires visuels, mais ce n'est absolument pas un souci pour moi. Le vrai problème du film est à chercher ailleurs.
Si d'un côté il est rempli de bonnes idées comme le côté manipulateur que le personnage de Kate Bosworth fait du don de Cody ou l'origine du monstre qui hante l'enfant, il est aussi rempli d'incohérences grossières. Certains points de scénario ou autres réactions des personnages n'ont aucun sens et frisent l'idiotie. Je vais être d'ailleurs obligé de spoiler légèrement pour développer mon propos - donc sautez au paragraphe suivant si vous voulez garder certains éléments de l'intrigue secrets. Le plus gros souci est clairement la réaction des parents face au don de Cody ! Outre le fait qu'ils semblent comprendre immédiatement l'origine des phénomènes auxquels ils sont confrontés, cela ne semble pas spécialement les surprendre outre mesure. Plutôt que de directement aller voir un médecin ou de prendre contact avec la responsable de l'institution de l'enfant, ils restent sans réaction. Notre enfant donne naissance à ses rêves ? Ah, OK, et sinon, on mange quoi pour souper ? Ce genre d'incohérence, le film en est rempli ! Les précédentes familles adoptives de Cody ont disparues, ainsi que des camarades de classe mais les personnages extérieurs ne tentent pas de faire le lien entre les différents faits. On a d'un côté un excès de crédulité et de l'autre, une incrédulité qui rend les réactions des protagonistes idiotes. En plus, à côté de ça, nous avons droit aux habituels clichés stupides du cinéma d'horreur comme l'héroïne qui débarque en pleine nuit dans l'orphelinat pour récupérer l'enfant et quelques jump scares foireux.
C'est un peu dommage que les bonnes idées et qualités réelles du film soient gâchées par ces clichés idiots. Car à côté de ça, Before I Wake se démarque quand même du tout-venant par son approche assez émouvante qui culmine par un plan final extrêmement réussi. Si vous souhaitez un avis définitif, je recommanderais donc le film malgré ces quelques grosses réserves.
En deux mots :
Production horrifique qui se démarque par l'originalité de son sujet et un traitement très sensible, Before I Wake débarque de façon assez étonnante en VOD. Plombé par quelques grosses incohérences, le film mérite quand même qu'on s'y attarde pour la singularité de son développement.
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