Après un exil qui l'aura vu bourlinguer du côté d'Hollywood puis de l'Inde ou encore de l'Italie, Jean Renoir revient en France, quinze années après La Règle du Jeu, pour y tourner French Cancan, nous emmenant dans l'univers Parisien du début du XXème siècle.
Il signe là un émouvant hommage à la vie, la musique ou encore l'histoire, nous immerge dans ces milieux dansants, et c'est avec un grand plaisir que l'on s'y laisse entraîner. Sa caméra est d'une rare fluidité, il gère à merveille les mouvements de foule et parvient à admirablement jouer avec les couleurs, faisant de French Cancan une suite de tableaux que l'on admire et dans lesquels on se perd.
Alors tout n'est pas parfait, notamment quelques comédiens (Franco Pastorino surtout) ou le fait que Renoir s'approche parfois un peu trop dangereusement d'un côté guimauve, mais rien de bien préjudiciable non plus. Il parvient à créer une ambiance mélancolique, parfois même émouvante, assez forte et immersive, on se retrouve plongée dans une époque souvent idéalisée, avec en prime de jolis dialogues et quelques réflexions plus qu'intéressantes autour de l'amour, des dilemmes de la vie et du spectacle.
Renoir parvient à mêler avec grand brio le fond et la forme, où la reconstitution est remarquable et l'oeuvre magnifiée par de passionnants numéros musicaux. Plusieurs séquences en deviennent clairement mémorables, notamment le final et sa profondeur autour de l'illusion de l'amour, alors que le cinéaste français fait preuve d'une touchante sincérité, magnifiant ainsi plusieurs comédiens, Jean Gabin en tête, lui qui bénéficie en plus d'un personnage passionnant.
Pour son retour en France, Jean Renoir nous plonge dans l'univers des cabarets dans le Paris du début du XXème siècle, proposant ainsi un joli voyage dans des peintures animées, avec une passionnante réflexion autour de l'amour, du spectacle et de la vie. (merci à m-claudine1)