C'est d'abord Jean-Paul Sartre qui avait écrit un scénario pour Freud, passions secrètes, avant qu'il ne soit réécrit par Charles Kaufman, à cause d'une longueur dérangeante. John Huston se l'approprie et évite de faire dans le biopic conventionnel et formaté, ici c'est la psychologie de Freud qui est mise en avant, sur cinq ans de sa vie alors qu'il découvrait l'importance du subconscient.
C'est dans cet aspect là que l'oeuvre est intéressante voire même passionnante par moment, dans l'importance que Huston consacre à la psychologie de Freud, notamment lorsque celui-ci découvre le rôle de la sexualité ou encore du complexe d'Œdipe. Il va mettre en scène le célèbre psychanalyste entre 1885 et 1890, et c'est aussi par le biais de ses errements, échecs ou de son entourage qui ne va pas forcément croire en lui que l'oeuvre prend réellement tout son sens.
Le metteur en scène de Key Largo nous emmène entre Paris (où il évoquera les travaux du professeur Charcot, notamment sur l'hypnose) et Vienne où il nous donne l'impression d'être au côté de Freud et de participer avec lui à ses expériences. Il gère plutôt bien son récit malgré quelques légères baisses de rythme en cours de film, et il arrive à capter l'essence du personnage tout en abordant les protagonistes entourant Freud et diverses thématiques, toujours avec intelligence et passion.
Il mène très bien son récit, sachant gérer les différents personnages et les péripéties, tout en se montrant efficace derrière la caméra, à défaut d'être vraiment brillant. Une certaine intensité vient parfois s’immiscer dans le récit, notamment psychologique, tandis que les comédiens sont plutôt bons malgré les tensions durant le tournage. Effectivement, entre les problèmes (vie privée, alcool...) de Montgomery Clift (pourtant remarquable et subtil, comme très souvent) et le comportement de Susannah York dont Huston disait "le type même de la jeunesse arrogante qui croit tout savoir", ça ne devait pas être de tout repos.
En mettant en scène une partie de la vie de Freud, John Huston va surtout s'intéresser à l'homme, sa pensée ou encore ses travaux, sachant le rendre passionnant et en tirer une oeuvre complexe, non sans défaut mais intelligente, bien écrite, bien interprétée et parfois même touchante.