Tourments des âmes, abysses obscurs du désir et exploration labyrinthique des figures de l’inconscient. Huston filme une pensée en action. John Huston est un expérimentateur qui explore, « avec constance, toutes les figures de l’aventure » Après la réalisation d’un documentaire sur les traumatismes de guerre et leur traitement par l’hypnose et la narcoanalyse « Let there be light » qui a été censuré jusqu’au début des années quatre-vingt, sa rencontre avec le traumatisme, l’inconscient et l’interrogation sur le fonctionnement du psychisme et son énigme décide Huston à réaliser un film sur Freud et l’invention de la psychanalyse.
On y découvre la naissance de la psychanalyse par Freud, comme un véritable voyage initiatique où le courage, l’intelligence et la persévérance s’allient pour faire de Freud le père d’une science controversée depuis toujours mais incontournable. On va le suivre depuis la découverte des manifestations de l’hystérie par Freud à la Salpêtrière avec Charcot, jusqu’à son retour à Vienne où bravant les interdits moraux de son époque , méprisé par ses confrères va découvrir l’origine inconsciente des névroses et leur origine dans la sexualité infantile inconsciente .On le voit alors soigner les patientes hystériques en les hypnotisant d’abord puis , en les écoutant par la méthode qu’il vient d’inventer. Cela à travers le condensé judicieux de plusieurs cas cliniques fort bien transposés à l’écran de ses « études sur l’hystérie » C’est portrait un Freud jeune brillamment interprété par Montgomery Clift qui se transforme en détective de l’inconscient , qui traque dans la douleur, le symbolisme de ses propres rêves ( la scène de son rêve à l’origine de sa découverte du complexe d’Oedipe avec ses surimpressions est impressionnante évoquant l’expressionnisme allemand )Portant le tournage sera difficile et éprouvant, car si Montgomery Clift interprète le rôle de Freud brillamment , il avait de sérieux problèmes avec la drogue et l’alcool, responsables en 1956 d’un grave accident automobile. Pour qu’on ne puisse voir la cicatrice, Montgomery se laissa pousser la barbe comme Freud. « Freud a été un homme torturé, le minimum c’était d’avoir un acteur torturé » dira Huston.