Fright night est arrivé en France sans que je m'en rende compte, j'avais sûrement lu des news concernant ce remake, peut-être même me suis-je dit que ça avait l'air inutile, mais je n'en ai pratiquement aucun souvenir, sûrement parce que je m'en fichais, vu que l'original m'avait ennuyé.
Pourtant, quand j'ai vu les affiches et des extraits d'un trailer sur le net, me suis dit "pourquoi pas", un film de vampires avec David Tennant et Christopher Mintz-Plasse.
Mais pour moi le choix d'aller le voir ou non n'était plus valide : il ne passait qu'en 3D. Mais en fait à partir d'aujourd'hui, dans un ciné qui le passait en relief, il n'était plus qu'en 2D, bonne nouvelle je suppose. En tout cas ça m'a surpris qu'un cinéma prenne l'initiative de ne plus le montrer en 3D. C'est peut-être parce qu'elle est totalement inutile dans ce film ?
Apparemment il a été filmé pour être en relief, mais je ne comprends vraiment pas pourquoi. L'utilisation de la 3D se résume en un pot de peinture qui arrive vers l'écran, ou un t-shirt que quelqu'un balance. Là où il y a un peu plus d'interaction avec ce qu'il se passe à l'image, c'est quand un vampire expose sa tête grimaçante énorme en face de la caméra, mais c'est laid et forcé.
Tom Holland est crédité deux fois au générique, mais ce remake est si éloigné de l'original qu'ils auraient pu se passer de nommer le scénariste du précédent film. Dans ce qu'on garde, il y a le vampire, l'ami qui s'appelle Ed, et l'aide obtenue par un soi-disant "spécialiste" qui se nomme Peter Vincent. Et je crois que c'est à peu près tout.
Déjà, le scénariste a eu la bonne idée de placer sa nouvelle histoire dans une banlieue Américaine, avec toutes les maisons qui se ressemblent, et au milieu du désert du Nevada. L'emplacement géographique s'avère très utile pour le vampire.
Ensuite, dans les apports importants à Fright night, il y a le fait que Ed soit devenu un geek, qui fait du cosplay, collectionne des figurines, et est le premier à repérer le méchant car il s'intéresse aux vampires.
Il est joué par Christopher Mintz-Plasse, évidemment parfait pour le rôle, et amusant rien qu'en le voyant apparaître, sûrement par rapport à son passé cinématographique (toujours dans l'ombre de McLovin).
Avec ce personnage est aussi explorée une relation spéciale entre deux personnages : le héros a laissé tomber Ed et son passé de geek, pour traîner avec des jocks en voulant avoir l'air cool et se taper une fille qu'il voyait autrefois comme une "skank". Ce n'est pas souvent que ce type de relation, difficile à définir par ailleurs, est représenté au cinéma, et c'était appréciable.
Dommage qu'Ed soit trop vite et trop facilement dégagé hors de l'histoire, car il était le personnage le plus intéressant.
Je ne pense pas que ça soit une bonne chose, mais en voyant Ed, je me suis dit que c'était moi.
Il est du genre à corriger quelqu'un sur des détails, par exemple la mauvaise utilisation de "Dracula" dans une phrase comme s'il s'agissait d'un terme et non d'un nom.
Ce qui m'a plu également est le fait que c'est à travers lui que l'on s'en prend à twilight.
Ce film n'a du Fright night de 1985 que le nom, et je pense surtout qu'il a été réalisé pour contrebalancer la mode des vampires charmants et qui brillent au soleil. C'était nécessaire de remettre les choses à leur place, et ce n'est certainement pas ces deux bouffons de seltzer et friedberg qui auraient pu le faire correctement, loin de là (genre "loin" dans le sens "à des millions d'années lumières", v'voyez).
Il était aussi nécessaire d'avoir un fillm de vrais vampires inscrit dans un contexte moderne ; en dehors du geek, on a aussi une utilisation amusante d'internet.
Et après Ed le geek, c'est la figure du gothique qui est ajoutée à cette nouvelle version. Peter Vincent, qui était autrefois une sorte de Van Helsing qui aurait repris le job d'Elvira, devient un magicien à Las Vegas vêtu entièrement de noir et de cuir. David Tennant, aka Dr Who, tient le rôle, qu'il marque de son accent anglais bien appuyé. Le personnage est très drôle, même si on a déjà souvent vu des branleurs prétentieux du même genre au cinéma.
Concernant la créature de la nuit, d'un côté on a un retour aux sources avec un respect du vampire à l'ancienne, celui qui mord ses victimes violemment, mais d'un autre côté certaines règles sont déformées.
Il y a des règles oubliées ou méconnues qui sont réaffirmées par le film, à savoir l'impossibilité d'entrer sans invitation ou le fait qu'on ne puisse voir le vampire sur une vidéo ; des règles connues confirmées comme l'eau bénite qui brûle ; et d'autres fois le film fait comme il veut, avec le crucifix qui est inutile, ou alors son invention du "pieu béni par St-Michel" capable de faire redevenir normaux toutes les victimes du vampire tué avec... là on sent vraiment le deus ex machina.
Et en réalité la logique du vampire n'est pas totalement respectée, à un moment il mord deux jeunes dans la rue, à la tombée de la nuit, sans s'inquiéter que tout le voisinage puisse le voir.
Certes le film remet à jour de façon plaisante l'histoire du vampire, mais dans le fond il reste très peu innovant et audacieux.
On retrouve des procédés beaucoup trop usés, comme ces jump-scares tous prévisibles, c'est simple à chaque fois qu'un personnage tourne le dos à quelque chose ou ne regarde pas devant lui, il y en a un. Et on retrouve le cliché de la main d'une victime qui surgit de nulle part et s'appuie contre une vitre (ou ici un judas). J'ai aussi eu l'impression qu'il y avait des bruitages réutilisés que j'ai déjà entendus trop de fois dans d'autres films.
La musique est tout de même ce qui correspond le plus au manque de nouveauté du film, elle est clichée tout du long, sans rien pour la démarquer de ce qu'on a déjà entendu tant de fois. En plus, je me suis fait la réflexion que c'est exactement le type de musique qu'on peut recycler à l'infini, et la placer où on veut. C'est d'ailleurs ce que démontre le film, qui la place lors d'une scène grave, quand le héros découvre que son voisin est effectivement un vampire, et la fois d'après c'est placé quand le personnage referme une poubelle ! Sans blague. Est-ce qu'on voulait faire peur aux spectateurs les plus naïfs ? Par exemple, faire croire que Colin Farrel était planqué dans la poubelle ?
J'ai en outre le regret d'apprendre que le compositeur est Ramin Djawadi, à qui l'on doit la superbe BO de Game of thrones, et ici, à part pour l'intro qui est bien sympathique et se détache du reste, son talent est largement sous-exploité.
Il est sympa ce Fright night, mais il y a trop d'éléments qui font penser qu'il rentre dans un même moule qui a été utilisé des milliers de fois et qui resservira encore trop longtemps.
Si on veut creuser un peu plus dans les défauts du film, il y a ce set-up beaucoup trop flagrant, quand on voit tous ces pancartes Century 21 au bout pointu, au début du film...
Et comme quoi la modernité du film n'est pas forcément bien : je crois bien que tous les effets sanglants ont eu recours aux CGI. Gregory Nicotero est maquilleur, mais son travail ne s'aperçoit même pas, au milieu de toutes ces modifications par ordinateur.
C'est peut-être l'effet "The Blob", que j'ai vu récemment, mais je reproche aussi à Fright night de ne pas oser, ce qui est quand même nécessaire si on veut apporter du sang neuf au cinéma d'horreur.
Finalement il suit un schéma bien trop classique pour ce type de films : le personnage principal devient un héros, sa copine tombe dans les griffes du méchant mais heureusement on peut la sauver, et le personnage qui jusque là était un bon à rien décide de se ressaisir et d'apporter son aide. Mais attention, sans faire de l'ombre au héros, bien sûr.
En plus de ça, Fright night fait semblant d'oser, pour finalement revenir dans le droit chemin en faisant comme pleins de films avant lui. On nous fait croire que le méchant gagne une partie de la bataille en s'en prenant à des gentils, mais en fin de compte tous sont sauvés. Evidemment, au lieu de tuer la copine du héros comme tous les autres, le vampire se contente de lui faire boire du sang, ainsi elle se retrouve dans son camp, mais pour ne pas que les choses aillent trop mal, cela conserve une chance de la sauver.
Il n'y a que le geek qui ne revient pas parmi les vivants. Et apparemment ce n'est pas grave.
Je crois que le scénariste a essayé de concilier deux publics : celui geek, et les autres. Le meilleur exemple pour prouver que ça ne fonctionne pas, c'est le héros, qu'on nous présente comme un ancien "Ed" qui aurait évolué pour s'adapter aux gens normaux, ce qui est en inadéquation avec le physique de l'acteur. C'est comme avoir voulu nous faire croire que Hugh Jackman était un nerd dans Opération espadon, j'en ris encore.
En plus de cela, la copine du héros, prétend l'apprécier et avoir voulu sortir avec lui en sachant qu'il était un "fayot" (je cite les sous-titres fr). Mais bien entendu les choses auraient été autrement s'il avait ressemblé à Ed, ou s'il était resté un geek.
Fright night fait donc partie de ces films qui veulent faire ami-ami avec les geeks mais pas trop, en gardant une certaine distance quand même. Mais j'aime à penser que le scénariste a subi des pressions de quelqu'un d'autre pour que le grand public ne soit pas dérangé.
Ah et évidemment, on a un happy end. Le type qui était un connard est devenu pote avec les héros, et eux ils couchent enfin ensemble, devant un feu de bois. J'ai cru que cette scène supplémentaire allait servir à un twist ending, mais pas du tout, tout va bien. J'aurais préféré que cela se termine sur une note un peu plus pessimiste, que le film soit un peu plus corrosif.
Au moins l'original avait un retournement de situation, même si toute la séquence de fin y était prévisible 5mn à l'avance.
Fright night est déjà plus appréciable que le film original, j'ai beaucoup aimé certains apports, le nouveau Ed en tête, et c'est un divertissement correct, mais il n'y a rien de bien neuf dedans.