Si certaines informations semblent ne pas passer par manque de précision (que ce soit dans les indications de jeu ou les parti pris), il y a en permanence une puissante étrangeté qui tient lieu de suspense et d'intérêt.
Le personnage principal, sorte de lutin pathétique et pathologique sorti d'un film de Henenlotter mais pris dans les filets impitoyables du réel et du documentaire, semble voué à l'échec sur tous les plans... et le réalisateur a bien du mal parfois à nous faire sentir quelle libération possible pourrait venir et le sauver et sauver un film qui s'évertue à rester sur la corde raide entre voyeurisme, expressionnisme de la misère mentale et regard bienveillant, tentative murmurée d'un contact humain avec l'autre.
Esthétiquement, on le croirait filmé souvent dans les années 80... et le son vient amplifier cette impression anachronique. Déplacé, comme ses personnages et pourtant comme demandant terriblement d'être vu et de vivre.
Même en rapprochant cela des premiers films de Harmony Korine, sa place n'en reste pas moins à part et, sans doute, à estimer.