On parle pas mal du jeune cinéaste Ryan Coogler ces temps-ci, notamment grâce à la sortie de son spin-off de la saga Rocky, le bien nommé Creed. J'étais donc curieux de découvrir son premier film, Fruitvale Station, remarqué dans de nombreux festivals et blindé de récompenses.
Marqué par la mort de Oscar Grant, victime d'une bavure policière en 2009 le soir du nouvel an, Ryan Coogler va tenter de rendre toute son humanité à un homme transformé malgré lui en symbole politique et social. De bonnes intentions, mais qui malheureusement ne vont donner naissance qu'à un film ennuyeux et bien consensuel.
Car au lieu de tenter de comprendre comment un acte aussi révoltant à pu être commis, à partir d'une enquête documentée revenant sur chaque aspect de l'affaire, et d'un portrait impartial des différents protagonistes, Ryan Coogler va au contraire choisir son camp. Filmant son personnage principal pendant la journée précédant sa mort, le réalisateur va l'angéliser plus que de raison, nous démontrer à grands coups de ficelles bien voyantes que le jeune homme tentait de se réinsérer et qu'un bel avenir l'attendait peut-être.
Une approche bienveillante mais qui ne rend finalement jamais justice à la victime, la réalité étant sans aucun doute bien plus complexe. Et ce ne sont pas les dernières minutes, pourtant tendues, qui vont améliorer les choses, la caractérisation des policiers étant tout simplement catastrophique, sortes de gros nazis caricaturaux à la gâchette facile et dont on saura jamais rien.
Prometteur et plein de bonne volonté, Fruitvale Station n'est finalement qu'un pétard mouillé comme il en sort chaque année du circuit indépendant. Des oeuvres censées ruer dans les brancards, proposer un regard lucide sur notre monde et notre société mais qui ne sortent que rarement du lot. Dommage pour l'interprétation, naturelle, et surtout pour le sujet, qui méritait bien mieux que ça.