Un film d’action avec Vin Diesel, je m’en fous, mais par contre, un documentaire qui atteste du désastre qu’a été le tournage, ça, ça m’intéresse. Je suis d’humeur à voir des docus en ce moment, et évidemment j’aime les films qui montrent les coulisses du cinéma, surtout quand ça tourne mal.
J’ai vu récemment Lost in la Mancha, sur le fameux film avorté de Gilliam, qui semble considéré comme la référence du tournage maudit. Et à force d’entendre parler de cette réputation, j’avais été un peu déçu, m’attendant à plus de déconvenues.
Alors que le tournage de Babylon A.D. m’a paru bien plus cauchemardesque à côté, surtout que les problèmes rencontrés tout du long sont de natures bien plus variées.
Budget serré, décors pas prêts au moment de tourner, accessoires qui ne répondent pas aux demandes faites des mois avant, … Des problèmes que, des fois, le réalisateur a découvert au dernier moment, n’ayant rien vu jusqu’alors.
On assiste à la désillusion progressive d’un réalisateur qui devient le spectateur du tournage d’un film qui lui sera pourtant attribué : non seulement la star Vin Diesel ne coopère pas, et ne veut pas participer aux combats ou aux cascades, mais il essaye en plus de se réapproprier le film, en refaisant l’histoire.
Autre adversaire contre lequel Kassovitz a dû lutter, le studio US, la Fox (qui a une réputation de saboteur).
Je suis sûr que les situations décrites ne sont pas si rares, le tournage de Babylon A.D. est juste un des rares à avoir été documenté ainsi.
Au vu du titre, je pensais que ce documentaire reflèterait une mauvaise image de Kassovitz, mais finalement, j’ai eu de la sympathie pour lui. On aurait pu avoir affaire à un faiseur, qui n’en a rien à foutre que son film sombre, tant qu’il touche son fric. Mais comme le dit un intervenant sur la fin, tout le monde voulait faire de Babylon A.D un bon film… sauf qu’ils allaient tous dans des directions différentes.
Kassovitz avait sa vision, il tenait à son œuvre, on voit qu’il s’est démené pour faire du mieux possible avec ce qu’il avait, il cherchait à motiver l’équipe et à mettre la main à la pâte… même si on a l’impression de le voir se débattre dans des sables mouvants : plus il se bouge, plus il s’enfonce.
Et même quand il pète un peu les plombs, sa position est compréhensible. Il doit progressivement se rendre à l’évidence que la vision qu’il avait en tête part complètement à la poubelle.
Contrairement à d’autres, le cinéaste ne m’est pas apparu comme un "connard" ; quand t’as un film d’une telle ampleur sur tes épaules, que t’es sous pression en permanence pendant 22 semaines, c’est nécessaire d’avoir un caractère bien trempé, et il me semble tout à fait justifié qu’on pousse des coups de gueule quand le reste de l’équipe ne suit pas.
On se dit qu’il y a des trucs qui auraient pu être bien, le peu qu’on voit des répétitions des combats de Michelle Yeoh m’ont impressionné (mais ça a l’air monté n’importe comment au final).
Ca m’a donné envie de voir Babylon A.D quand même, juste pour constater l’ampleur du désastre, et voir ce qu’ils ont pu tirer au final de situations aussi merdiques sur le plateau.
N’ayant pas vu le film, mais ayant parcouru vite fait d’autres critiques, il semblerait que je ne puisse pas bien me rendre compte des véritables problèmes du film, qui ne proviennent pas tous forcément de déboires sur le tournage.
(effectivement, peut-être que je serais moins indulgent envers Kassovitz si j'avais déjà vu Babylon A.D et que j'avais constaté comme le script est, d'après ce que j'ai compris, déjà pourri à la base)
Fucking Kassovitz a aussi tendance à rester un peu trop vague sur certains points, par exemple la raison pour laquelle Vin fait la gueule sur le tournage, ou en reste à des incertitudes, comme la supposition sur l’interférence téléphonique qui a déclenché des explosifs trop tôt (c’est possible ça ?).
Il y aurait eu besoin de présenter davantage le film aussi, rien que le pitch, qu’on ne nous évoque à aucun moment, ou la nature du projet : je croyais que c’était une production purement ricaine, mais en fait c’est censé être "indé" ?
Je regrette que durant certains passages, on nous parle de défauts sur le plateau, qu’on n’a pas l’occasion de constater par nous-mêmes : Kassovitz nous dit que tel décor manque de vie, mais on n’en a aucune image.
Mais pour un docu monté à partir de vidéos de tournage, il y a quand même une idée de mise en scène géniale, celle de l’intro sur une citation de La haine.
Il me reste plus qu’à voir Babylon A.D pour juger. Et, j’espère, me marrer.