Purgatory.
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La première fois que j'ai vu Full Metal Jacket, c'était au cinéma et j'étais gamin. J'avais vu quelques mois auparavant Platoon et cela avait forcément faussé ma perception du film. J'avais déjà vu Apocalypse now et Rambo 2 (rien à voir sur le fond, on est bien d'accord) et, du coup, je suis passé à côté de quelque chose d'essentiel.
Je me souviens avoir, comme beaucoup, été bluffé par la première partie du film avec cette déshumanisation des nouvelles recrues par ce sergent instructeur complètement illuminé s'achevant par une scène presque aussi visuellement violente que la violence psychologique qui nous était jusqu'à ce moment présentée. Vincent d'Onofrio y était formidable, R.L. Ermey forcément plus vrai que nature, et les autres protagonistes au diapason.
La deuxième partie m'avait échappé. Pour moi, le Vietnam, c'était la jungle, c'était la boue, c'était la flotte. Du coup, j'avais un peu décroché. C'est plus tard que j'ai saisi la puissance de cette deuxième partie, ce choix de montrer une guerre dans un milieu urbain alors que les autres cinéastes ne pouvaient s'empêcher de filmer des mecs s'enliser dans un marécage piégeux. Ici, c'est la ville, la civilisation qui est meurtrière et Kubrick est peut-être un des premiers à avoir mis en scène un sniper, dont l'identité quand elle est connue, remet une pièce dans le juke-box qui jouait son air dans la première partie.
Full Metal Jacket est d'une profonde modernité et force est de constater que beaucoup de films réalisés sur des guerres plus récentes ont repris de nombreuses idées posées ici sur la table. Sa première comme sa deuxième partie sont d'une incroyable richesse parce qu'elles sont, au final, efficacement simples. Jamais l'absurdité de la guerre et les monstres qu'elle engendre n'avaient été aussi bien montrés. C'est peut-être un poil trop démonstratif, la voix off renforçant cette impression, mais Kubrick ne fait pas ici qu'un film sur le Vietnam. Il fait un film sur la guerre (ce qui est montré là vaut pour toutes les guerres), sur son absurdité et sur la folie qu'elle engendre.
J'ai revu ce film plus d'une vingtaine de fois en entier ou par séquences et, à chaque fois, j'y trouve un élément nouveau qui m'avait échappé. Il a quelque chose de plus inhumain que Voyage au bout de l'enfer ou Apocalypse now qui le rend encore plus effrayant que ces deux autres chefs-d'oeuvre. C'est dire s'il tape plus fort qu'il n'en a l'air.
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le 28 janv. 2021
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