Pour chaque chose reçue, il faut en abandonner une de même valeur.
On connaît ça par coeur, on en a bouffé pendant deux cent épisodes et deux longs métrages d'animation.
Qu'abandonnera ce film, en échange de tout le bashing injuste dont il a écopé ?
Sans doute sa suite éventuelle, et pas mal d'ambition future.
Pourtant, il fait son taf', autant qu'une production live made in Japan puisse le faire - à savoir, oui, ce n'est un mystère pour personne, avec du surjeu, des effets spéciaux faiblards, une trame cousue à la corde à nœuds et un manque de crédibilité certain au niveau des tenues, perruques et autres décors en placoplatre.
On sait à quoi s'attendre, ce n'est pas Hollywood, ça fait partie du genre à part entière. C'est culturel, comme on dit. Cracher là-dessus, c'est cracher également sur tout le cinéma nippon, ou pas loin, oubliant un peu vite (sous couvert d'étiquette "conseillé par Technikart") que chez Kurosawa aussi, ça joue parfois comme sur la scène d'un Takarazuka.
Une fois qu'on a, donc, abandonné nos attentes inappropriées de (plus ou moins) jeunes (plus ou moins) blancs, que reçoit-on en échange ?
Un film plutôt divertissant, plutôt bien fichu, qui réussit l'exploit de proposer une trame convaincante (et conclusive !) en l'espace de deux heures de temps, à partir de morceaux choisis piochés au fil du manga et des deux séries animées, rafistolés à la barbare un peu comme l'auraient fait les frères Elric eux-mêmes pour ressusciter leur maman. Bien sûr, comparé aux adaptations précédentes (Etoile de Milos exceptée), le live manque forcément d'impact et d'envergure mais il n'en demeure pas moins que Hughes est plus vrai que nature, Mustang sexy en diable (c'est ma compagne qui le dit), et que passé la première heure, quand le récit vire à l'orage et que les badineries se font la malle, ça oublie complètement de cabotiner façon De Funès. Ouf.
On aurait aimé que le scénariste maîtrise mieux ses enjeux et sabre un peu ses à-côtés pour développer davantage ses drames en maturation (coucou Nina !), ou que les dix premières minutes ne soient pas (beaucoup) plus spectaculaires et rythmées que l'affrontement final, franchement pas Marvelien, mais voilà, l'ensemble se tient, divertit, retient l'essentiel et si l'on tique franchement de voir ce all-star cast nippon monopoliser les rues d'Italie, on ne peut que saluer le travail accompli tant "c'était pas gagné".
Oui, Fullmetal Alchemist n'est pas un grand film d'auteur, non, on n'en attendait pas tant et oui, pour qui n'est pas habitué aux films live japonais, il peut piquer un peu.
Pour autant, compte tenu des contraintes de fond et de forme avec lesquels il compose, il s'en sort avec les honneurs, n'en déplaise aux fans du manga qui n'ont toujours pas compris grand chose (en général), et le concept d'adaptation (en particulier).
Avant de traiter d'alchimie, l'oeuvre d'Hiromu Arakawa parle de grandir. La moindre des choses, quand on respecte son travail (soi-disant), serait d'en faire autant.