Encore une fois Quentin Dupieux se surpasse dans l’absurde qu’il maîtrise si bien.

Les Tabac Force sont une équipe de super-héros inspirés des Power Rangers et des Super Sentai qui lutte contre le tabac. Leurs pouvoirs ? Le cancer, l’addiction, le tabagisme passif, …. Et évidemment, qui dit super héros dit super vilains. Les Tabac Force, inspiré des vieilles émissions japonaises, combattent des tortues mutantes venues de l’espace pour détruire le monde. Après une nouvelle réussite lors de leur mission, Didier, le chef de notre petite équipe, décide d’envoyer les Tabac Force en vacance afin de ressouder le groupe dont la cohésion est en train de se dégrader. Les super héros vont s’installer dans la Provence (région que Quentin Dupieux a déjà exploré dans son film Mandibules). L’équipe va alors prendre du bon temps et se raconter des histoires qui font peur autour d’un feu de camp. Quentin Dupieux met alors en place une mise en abyme simplissime mais qui fonctionne parfaitement ! Les héros vont cependant devoir faire face à un danger apocalyptique qui va donner du corps au récit. 

Depuis quelques années, Quentin Dupieux est particulièrement prolifique (5 films en 4 ans !). Et dans ce film, par la mise en abyme, le réalisateur va pouvoir réaliser plusieurs de ses idées saugrenues. Au lieu de s'en tenir à une seule idée farfelue, il serait plus bénéfique d'en explorer plusieurs au sein d'histoires en abyme. L’absurde encore une fois est à son paroxysme. Plusieurs aspects à relever pour démontrer l’absurdité. Dès le début du film lors de leur intervention contre une tortue mutante, 2 héros sur 5 discutent pendant que les 3 autres se battent. Puis, un bain de sang pour abattre le vilain. La famille qui passait à côté est couvert de sang mais souhaite tout de même prendre une photo avec les héros. Ensuite, Didier, le chef des Tabac Force, un rat baveux (Alien ?) qui parle, mais qui étrangement séduit toutes les dames. Les super héros qui ne quittent jamais leur costumes et prennent du plaisir à dormir sur un lit en béton. Bref, le film regorge d’idées complètement absurdes qui ne peuvent sortir que de la tête d’un réalisateur comme Quentin Dupieux. Ainsi, le film regorge d’humour complètement délirant (et j’adore ça !). Mais ce qui est encore plus fort, ce qu’entre deux scènes idiotes, le film installent des propos plus forts : la solitude, les pensées enfouies en nous, l’anxiété écologique, l’effondrement de la société, … Mais l’imaginaire du cinéaste ne s’arrête pas uniquement à l’humour absurde et des propos alarmants, il prend aussi le temps de développer ses personnages par la cohésion d’équipe, leurs histoires d’amour ou encore leurs ressentis face aux autres. De plus, l'intrigue de la menace apocalyptique permet de redonner plus du corps au film qui garde un rythme très soutenu pendant ses 80 minutes. Et quel plaisir de regarder un film court : Inutile de faire un film de minimum 2h30 comme tout les autres long métrages qui sortent en ce moment, 1h20 suffit largement à Quentin Dupieux.

En ce qui concerne la réalisation, on peut clairement reconnaître la touche distinctive de Dupieux. La photographie utilise des couleurs très claires. L'image est marquée par des contrastes forts, une image nette, qui s'enchaine étrangement avec des images plus floues, ce qui ajoutent une dimension supplémentaire à l'esthétique visuelle du film. Cette utilisation de l'image caractéristique de Dupieux nous fait passer d'un effet saisissant à une certaine étrangeté visuelle. Les plans larges sont utilisés avec habileté pour encadrer plusieurs personnages ou éléments, créant ainsi une composition dynamique et équilibrée. Bien que cette approche puisse sembler simpliste, elle témoigne en réalité d'une grande maîtrise technique de la part de Dupieux.

En somme, j’ai trouvé ce film particulièrement réussi. Fumer fait tousser s’inscrit parfaitement dans la filmographie de Quentin Dupieux : un film drôle, absurde et délirant abordant des thèmes forts (l’approche du réel dans Réalité, le temps qui passe dans Incroyable mais vrai, la complexité des relations sociales dans Steak, …). Cependant, Quentin Dupieux arrive à se surpasser par la mise en abyme. Par cette pirouette scénaristique, le réalisateur n’impose aucune limite à son imaginaire en se laissant raconté plusieurs histoires différentes dans un seul et même film. 

bblouis
8
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le 11 mai 2023

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