Dupieux avait dit à propos de Mandibules qu'il souhaitait faire un film "vraiment con" et puis je l'avais entendu dire, non sans tiquer, sur France Cucul, qu'il n'accouchait pas de ses films mais qu'il les "chiait"... irrévérencieux et provocateur avais-je pensé, et inutilement encore. Car le Quentin était déjà à mon gout un trublion des genres, déjà assez ovniesque dans le paysage cinématographique français pour avoir besoin de s'illustrer avec cette forme de suffisance grossière. Mais force est d'avouer que sa dernière bouse est une quintessence et que je comprends un peu mieux ce qu'il voulait dire : Dupieux fait des films avec ses tripes, pas forcement pour un public et pas spécialement pour ce qu'ils sont. Et avec le ventre, ce "deuxième cerveau", il ressent, digère ses angoisses puis il les chie, comme ça, à la gueule des spectateurs, sans concession, c'est à prendre ou à laichier. C'est libérateur.
Fumer fait tousser (et péter pue) est donc l'apothéose d'un laissé-aller bête et pathétique, irréfléchi et thérapeutique, sans début ni fin. On y retrouve les acteurs de cœur de Dupieux, et puis des nouveaux venus dans son univers, des stars, qui semblent bien s'éclater à y perdre (ou prendre?) pied. Et puis des références en veux-tu en voilà à la pop culture, des Powers Rangers aux Feebles (Chabat en Trevor the rat !), en passant par Ulysse 31, Austin Powers ou Les contes de la crypte et certainement d'autres encore.
C'est absurde et loufoque, je-m'en-foutiste à souhait et pourtant pas complétement dénué de sens car les histoires qui s'enchainent sans s'imbriquer, semblent passer au crible les anxiétés de la société contemporaine, les schémas autodestructeurs desquels l'humanité ne parvient pas à s'extirper: la clope, la pollution, la mort, l'amour, jusqu'à la fin du monde ! Je crois que j'ai bien aimé en fait.