Funny games parvient à mettre une tension forte en jouant de l'insidieux et de la bizarrerie puis de la violence.
L'essentiel réside finalement dans son duo de jeunes tortionnaires, desquels il nous ne nous laissera par ailleurs rien savoir et desquels surtout les politesses et accoutrements iront à l'encontre de leurs véritables nature et intentions. Il y a vraiment quelque chose de réussi dans l'écriture de ces deux là, dont il apparaît très vite un sentiment inquiétant et même dangereux. Une étrangeté toute particulière et efficace. Avec leurs vêtements, leurs gants, on pourrait même les croire tombés du ciel.
Ce mystère qui ne s'éclaire pas participe indubitablement à la réussite du film : on peut se poser toutes les questions, on peut imaginer tout ce que l'on veut à propos de ces deux compères.
L'étrangeté gagne son paroxysme quand le 4e mur est rompu, à plusieurs reprises, bien que cela constitue aussi peut-être un des points faibles du film selon moi :
En effet si les apartés, toujours fugaces, de l'un de nos deux tortionnaires passent étonnamment bien, une scène où il joue d'avantage de la fiction dans laquelle il est aurait tendance à nous faire lever les yeux au ciel et regretter que le réalisateur ait été si loin.
Le propos du film semble vouloir interroger le spectateur sur son sadisme. Pourquoi regardons-nous ça ? Le réalisateur nous montre combien nous sommes finalement complice de ce qu'il se passe à l'écran tandis que nous faisons nos choqués. Tout ceci n'est qu'un jeu et l'un des personnages nous invite même à participer ! Cela passe d'autant, et comme déjà dit, que les personnages bourreaux sont finalement assez vides : on peut y imaginer ce que l'on y veut et pourquoi pas un spectateur ? pourquoi pas nous ? Le propos en est d'ailleurs mis en lumière dans une conversation que tiennent nos deux tortionnaires quand ils philosophent sur la réalité de la fiction.
La scène que j'ai critiquée sans spoiler davantage a finalement bien sa place dans un film comme celui-ci au regard de ce qu'il vient d'être dit. Pour autant elle manque de subtilité au contraire du reste et c'est là où son rendu est un peu triste. Le film se joue d'une frontière entre réalité et fiction, au point de vouloir nous inclure dans la fiction comme de nous faire croire que certains de ses personnages n'en font pas partie. C'est là quelque chose de vraiment intéressant à avoir développé, mais cette fameuse scène que je ne cesse de citer arrive un peu comme une grande claque pour nous réveiller et nous dire : "hé, c'est quand même bien de la fiction, hein !"
un peu dommage, quoi.
Sinon le reste est vraiment intelligent et fonctionne tout à fait.
Au delà de l'analyse que j'en ai faite, le manque d'explication quant aux motivations des criminels en fait quelque chose d'autant plus gratuit et terrible. Quelque chose qui sert vraiment le film quant à installer son climat et sa tension.