Pas facile de passer après Mad Max: Fury Road, tant le film a mis tout le monde d'accord, avec ses scènes d'action magistralement chorégraphiées et mises en scènes, un univers intrigant sublimé par une excellente direction photo, et surtout un rythme soutenu grâce à son script ciselé qui allait droit au but, sans dialogues inutile ni temps mort.
Le plus gros défaut de Furiosa est de sortir après Fury Road, car il est impossible de ne pas les comparer, surtout quand cette préquelle s'arrête quelques instants avant le début du film de 2016 et en montre des extraits dans son générique de fin. J'irais jusqu'à dire que ces quelques images de Fury Road sont le meilleur moment de Furiosa, mais ça n'en fait en aucun cas un mauvais film. Si j'avais vu Furiosa sorti de son contexte de film Mad Max, je l'aurais certainement apprécié davantage.
Malgré quelques défauts sur lesquels je reviendrai, c'est un film d'action efficace, à l'esthétique léchée et à l'univers aussi barré que baroque. La mise en scène est toujours aussi impressionnante, avec de beaux plans larges, des travelings impossibles à 200 km heure, et un montage nerveux qui ne perd que rarement la lisibilité de l'action.
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L'une des qualités de Fury Road est d'avoir été filmé avec un maximum d'effets pratiques et d'utiliser l'image de synthèse avec suffisamment d'intelligence et de parcimonie pour ne pas nous la tartiner au visage. C'est une retenue qui se fait rare, et que Furiosa a laissé sur le bord de la route.
La plupart des scènes semblent une nouvelle fois avoir été tournées avec de vraies bagnoles et de vrais gros camions, mais certains plans puent le fond vert, et la physique pétée des véhicules m'a parfois fait douter de l'authenticité de ce que je regardais.
C'est un défaut exacerbé par un choix de montage de Miller, qui semble absolument délibéré et que je trouve toujours aussi regrettable : l'utilisation fréquente de fast-motion pour accélérer l'action. Ça ne dure souvent qu'un instant, mais chaque fois, ça m'a sorti du film et gâché de belles courses poursuites.
Au rayon des problèmes, le film est incroyablement bavard et démonstratif comparé à Fury Road et son économie narrative. Furiosa a envie de raconter plein de choses sur l'histoire de son héroïne, son passé, son évolution, la faction de Dementus et leur montée en puissance, les tensions politiques avec la citadelle, et j'en passe. Le problème, c'est que le coeur n’est qu’une bête histoire de vengeance et un film qui n'a pas grand-chose à dire, mais passe beaucoup trop de temps à en parler.
Une autre qualité de de Fury Road était aussi la découverte de son univers dont on nous montrait l'exotisme barbare sans jamais rien expliquer : la citadelle, les warboys kamikazes qui se peignent le rictus, les tempêtes, etc. Tout est là, mais la surprise est éventée et même quand Furiosa élargit cet univers, on reste en terrain connu.
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Dementus est le nouvel antagoniste. En plus d'être passablement inintéressant et de ne pas arriver à la cheville du charisme tranquille d'Immortan Joe, il est terriblement mal interprété par Chris Hemsworth qui n'a vraiment rien à foutre là. C'est la pire erreur de casting depuis Jared Leto en Joker. En coupant les 40 minutes de cabotinage de Dementus, on aurait un film bien plus dense et rythmé.
Entre l'écriture laborieuse et l'antagoniste moisi, ça sentait le naufrage, d'autant plus que le film met une grosse heure à décoller. Oui, une heure de mise en place de ses arcs de personnages dont je me contrefous, et de son récit générique de vengeance dont je connaissais la fin avant que ça commence. Il y a quelques bons moments dans cette première heure, comme les scènes de badasserie réjouissante de maman, mais c'est quand même un peu mou du fion.
En revanche, dès qu'on se retrouve aux commandes d'un énorme camion et son convoi de warboys, il serait criminel de bouder son plaisir. Le film enchaîne alors des scènes d'action phénoménales et j'avais envie de tout lui pardonner.