Miller mange encore Hollywood à la petite cuillère

Quel énorme kiff !


Commençons par le gros point fort de Fury Road, l'un des rares films sur lesquels j'ai mis un 10/10 sur senscritique. Ce qui m'avait frappé, c'était la mythologie que le père George avait réussi à insuffler à son films grâce à la force de ses images et à trois lignes de dialogue, sans rien expliquer, laissant le spectateur composer son univers avec ce qu'il acceptait de donner (warboys, valhalla, les globuleurs, etc). Il y avait bien entendu mille autres choses : les thèmes, le sujet, la mise en scène. Mais on est pas ici pour parler de Fury Road, justement.


Miller nous propose autre chose dans son univers finalement assez pauvre, mais tellement jouissif. Car oui, Mad Max, c'est jamais qu'une histoire de bagnoles dans un désert pour vulgariser. Il aurait pu se répéter, dans un film plus court, faire une longue course poursuite, mais pour raconter rien de neuf.

Alors il a fait ce que l'on n'ose plus faire, raconter une nouvelle histoire et prenant son temps entre deux scènes d'action. Et les scènes d'action, c'est une leçon de cinéma en 2024 à faire pâlir tous les Marvel et cie, rembourrés à coup de SFX, car Miller est de la vieille école et comme dans Mad Max, ce sont les acteurs/cascadeurs qui font leur scène, nous offrant des images saisissantes malgré de temps en temps des retouches post-prod pas folichonnes (assez étonnant, mais si c'est ce qu'il faut pour saquer un film, il s'agirait de grandir).


Sûr de sa mise en scène, on respire dans l'effervescence d'images ; le procédé de Fury Road est réutilisé et l'action ne se concentre donc qu'au centre de l'image afin que le spectateur n'ait pas à chercher une info déjà perdu dans une succession de plans. Les yeux se reposent malgré tout, on en sort fraîchement reposé d'avoir vu un tel film d'actions.


Je pense à Denis Villeneuve et ses plans sans vie de pubs de parfum dans Dune, à son film rempli de sound-design épuisant à avoir envie de se crever les tympans (pitié, interdisez-le de faire des films). Le plan parfait, ce n'est pas le plan plat Denis, c'est celui qui raconte quelque chose, qui transmet un ressenti aux spectateurs, c'est le plan qui sent la fabrication, la bonne optique pour sublimer ou non ses acteurs.

Car quand on maîtrise son sujet, on est pas obligé de foutre un bordel auditif dans les oreilles à chaque plan, Miller le sait. Il nous propose un spectacle, loin de nous prendre pour des idiots.


Je pense à George Lucas et ses Star Wars (les I, II et III). Voilà ce qu'est un préquel Georgie ! Parce qu'on ne s'installe pas dans la salle pour savoir comment Furiosa a grandi dans la citadelle, ni comment le monde est devenu un désert, on s'en fout Georgie (bien, ta palme d'honneur dans le pire Cannes du siècle ?). Non, à la limite, on se dit : "oulala mais comment a-t-elle perdu son bras", mais dès les premières minutes, on oublie, ça ne nous intéresse finalement pas tant que ça. Ce qui est intéressant, c'est le conte que veut nous narrer George Miller. Trois daubes pour dire que "Darkvador il é devnu méchan paske Padmé el é morte lol", man c'est pas sérieux...

On va me dire que ce ne sont pas des préquels parce que en 70, c'est bien l'épisode IV qui est sorti, et que c'était prévu mais 1/ j'ai la mauvaise foi que je veux et 2/ va falloir me montrer un script des 3 premiers épisodes tapé à la machine à écrire plus vieux que l'épisode IV.


Très heureux aussi de revoir Chris machintruc à nouveau dans un rôle intéressant, lui qui avait justement eu un super début de carrière. On souhaite d'autres supers rôles à Ana Taylor-Joy qui oscille entre le bon et le moins bon et une excellente carrière à Charlee Fraser.


Bref, contrairement à Furiosa, j'applaudis des deux mains. Un reproche serait peut-être que George Miller ait voulu raccorder littéralement ses deux oeuvres (pour mieux les démarquer de sa première trilogie ?).


PS : la scène des 40 jours de guerre du Wasteland est incroyable, mais c'est pas la seule.

Don-Gaetano
8
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le 4 juin 2024

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