Ayant été fortement enthousiasmé, comme beaucoup de monde, par Fury Road qui rebattait les cartes du genre d'une manière jouissive, je ne pouvais rater cette prequelle qui semblait moins mettre le public d'accord au vu des critiques et du peu d'engouement en salles. Le film souffre à mon sens de la comparaison car Fury Road était dépouillé à l'extrême, et cette sobriété rendait ses excès d'autant plus frappants. Furiosa se lance dans l'exercice de l'épopée et dans une réflexion sur la formation d'un mythe, symbolisée par ce découpage en chapitres et l'accomplissement par l'héroïne de toutes les étapes initiatiques. Ce changement de paradigme passe par un schéma qui paraît plus classique parce plus complexe, et perd beaucoup de temps à aller d'un personnage à l'autre afin de tenter de rendre l'ensemble moins manichéen. Heureusement, les scènes d'action à la moitié du film donnent un nouveau souffle à celui ci, même si elles n'offrent pas de spectacle radicalement différent du premier. Certains plans iconiques marquent cependant l'œil à l'image du premier film et Miller n'a de toute évidence rien perdu de son inspiration entre les deux opus. L'usage lourd des cgi, notamment dans la première partie, est assez regrettable, d'autant plus que les décors semblent pour certains moins travaillé et, le maquillage dans l'ensemble plus lisse, moins réaliste. Le cabotinage d'Hemsworth est assez exaspérant. La fin du film laisse une impression d'inachevé, comme si le réalisateur s'excusait de ne pas nous proposer quelque chose de plus radical. Cela reste malgré tout une proposition excellente qui laisse dans le rétro l'immense majorité de la concurrence.