Je ne suis pas un spécialiste de Godzilla, mais je suis client de bons films d'actions bien faits. Le manque évident de budget qui transparaît sur quelques plans (la maquette en gros plan du monstre parfois ridicule... à moins que ce soit un hommage avoué aux premiers films de la saga ?) et le jeu excessif des personnages principaux, relevant plus de la série télévisée dramatique que d'un blockbuster, ne parviennent pas à gâcher toute la folle énergie et la passion qui suinte de chaque plan de ce long métrage. Comment faire beaucoup avec quasi-rien ? Être convaincu de sa vision, la préparer soigneusement en amont et tout mettre en oeuvre pour la réaliser avec astuce et intelligence. Le réalisateur avait si hâte de nous montrer sa création que Godzilla débarque dès les première minutes du film : Les pêcheurs disent qu'un dinosaure immense vit sous l'île ? Ok pas de problème. On expédie la logique pour se concentrer sur l'action, les précédents films nous ont assez expliqué la genèse, ont pris des heures à dévoiler le monstre centimètre par centimètre qu'il est jouissif de le voir déchaîné et entier subitement, sans crier gare, comme allant de soi. Nous avons plus tendance à accorder au film la suspension d'incrédulité lorsque qu'elle n'est pas un prétexte à la paresse ou à la maladresse : ici, le but avoué, c'est de faire un film d'action sf. Quelques scènes d’atermoiements coupent le rythme et semblent déplacées tant nous avons du mal à nous attacher aux personnages, pour une raison simple : ce ne sont pas les stars du film. La star du film, elle débarque avec trois heures d'avance et elle rase une ville, elle balance un navire sur un bâtiment dans des plans sublimes, avec une violence que je ne m'étais pas pris en pleine face depuis longtemps. à l'heure où les spectateurs se sont définitivement lassés de se faire prendre pour des pigeons par les grosses licences qui appliquaient leurs algorythmes en boucle depuis des années, ce vent divin semble bien rafraîchissant.