Huit ans après le dernier volet des aventures de Mad Max, également signées George Miller, la saga revient pour notre plus grand plaisir. On prend son pied devant se préquel qui se concentre cette fois sur la jeunesse de Furiosa, tant ça fuse et ça vrombie pendant les 2h30 du film qu’on ne sent jamais passer.
Dans un monde en déclin, la jeune Furiosa est arrachée à la Terre Verte et capturée par une horde de motards dirigée par le redoutable Dementus. Alors qu'elle tente de survivre à la dévastation, à Immortan Joe et de retrouver le chemin de la maison, Furiosa n'a qu'une obsession : la vengeance.
On oppose souvent le cinéma grand public au cinéma artistique ou d'auteur. Les mauvais films trouvent leur public, tandis que les excellents films ne parviennent pas à franchir la barre des 100 000 entrées. Il faut donc se réjouir lorsqu'un blockbuster d'excellente qualité, réalisé avec soin et qui ne se moque pas du public, trouve son public. "Furiosa : a Mad Max saga" succède au dernier volet de la saga "Mission Impossible". Mais là où cette saga était sous la coupe d'un producteur-acteur (Tom Cruise), Furiosa est sous la coupe d'un auteur, d'un artiste en pleine possession de ses moyens.
Le film est remarquablement rythmé en cinq chapitre. A chaque chapitre, sa course poursuite. Je voudrais en évoquer deux. La première entre motards, dont le brio réside dans le fait qu’elle est saccadée, sans cesse ralentie. On s’arrête pour changer un pneu, recharger son réservoir d’essence. Cela permet d’alterner entre rythme trépidant et moments de pause, générant un vrai suspens. L’autre, celle du troisième chapitre, se fait d’une traite sans pause mais se renouvelle sans cesse, permettant au contraire de prolonger l’action.
Les bonnes scènes d'action sont une chose, mais encore faut-il qu'elles soient bien cadrées et montées. Et pour une fois, les plans ne s'enchaînent pas à un rythme épileptique. Le caméraman s'est acheté un trépied, nous épargnant les sempiternels plans caméra à l’épaule. Le film étonne par la grande qualité de son filmage et la fluidité de sa mise en scène.
Ce qui frappe aussi, c'est la beauté de l'image. On sent vraiment le soin que George Miller a apporté à son film. Je n'arrive pas à oublier ces magnifiques plans du désert. Les décors sont incroyables. On ne sait pas vraiment à quelle époque on se trouve. On se croit tantôt chez les nomades berbères, tantôt dans Fast and Furious. Le moderne côtoie l'ancien, créant un mélange vraiment détonnant.
Ce que la saga d'action "Mad Max" a de plus qu'une autre saga de qualité comme "Mission Impossible", c'est qu'elle nous parle et évoque notre époque sans jamais être pesante. L'écologie est sans aucun doute le thème central du film, avec ses déserts sans fin, ses villes industrielles et ses personnages à la recherche d'un espace vivable dans lequel l'espèce peut se perpétuer. Mais les questions de pouvoir sont également au cœur du film. Dans ce monde où la survie est virtuellement impossible, le bien nommé Dementus est implacable dans sa quête pour étendre son contrôle, en utilisant le pétrole comme levier. Une allusion, bien sûr, à la dépendance de l'Europe à l'égard du pétrole russe.
Anya Taylor-Joy, qui doit avoir une dizaine de répliques dans le film, s'en sort avec les honneurs et se révèle une digne héritière de Charlize Theron dans le rôle de Furiosa, notamment grâce à sa grande expressivité. Quant au falot Chris Hemsworth, ses talents d’acteur inattendus laissent pantois et interprète un Dementus tout en nuance. Il faut dire que les deux acteurs font beaucoup pour la qualité de ce divertissement.