Victime de son propre succès

La première chose que je me suis dit en ayant terminé Furiosa fut: "pourquoi faire un mad max sans mad max?" Pour que vous compreniez mieux, je vais développer mon point de vue. Evidemment que je comprends l'intention de Georges Miller de vouloir revenir sur le succès unanime de "Fury Road". Evidemment que recentrer le récit sur Furiosa était judicieux, tant le personnage a contribué à redéfinir une mythologie vieille de plus de 40 ans. Tout cela, je ne le remets pas en cause et j'étais le premier à attendre ce nouvel opus, comme un joyaux serti de diamants. En effet, bien que n'étant pas un fervent fan de la saga Mad Max, j'attends chaque Georges Miller tant ce cinéaste arrive à m'envouter, me laissant en tête des images fantasmagoriques et redéfinissant le cinéma à chaque prise tant par le mouvement de sa caméra, la folie de son écriture de même que sa mise en scène, sans oublier le jeu de ses acteurs.

Alors c'est quoi le problème? Le problème c'est que Furiosa n'est pas Mad Max. Le personnage ne devrait pas avoir la même histoire. Hors, ce film a semble t-il voulu recréer le phénomène "Fury Road", en remâchant les éléments de la formule. En effet, passé une intro haletante, digne de ce qu'on peut attendre d'un Blockbuster signé Miller, le long-métrage s'enlise dans les travers de ce genre de "préquelle/ suite": on ne fait que retrouver les mêmes décors. OK, on en apprend davantage sur le passé de (l'anti)héroïne, et c'est globalement cohérent avec ce qu'on avait sous-entendu/expliqué. OK, la présentation d'Immortan Joe en impose. OK, le film essaye de la jouer encore plus "sans concession" que son prédecesseur (les scènes chocs ne manquent pas). Enfin, o-k c'est sympa de voir la carrière de Pétroville.

MAIS. Mais, le film ressemble plus à une documentation interactive de l'Univers qu'à un film. Tout est trop balisé, avec un scénario vraiment pas surprenant. Mais on n'apprend rien de réellement essentiel, de même qu'aucun retournement n'est imprévisible. Mais Dementus est un personnage vraiment peu intéressant, ses motivations sont floues et son lien avec Furiosa pas assez fouillé. Mais, autant Hemswor peut parfois élever un film, autant ce personnage sonne beaucoup trop comme une resucé de ses rôles de bourrin bavard. Mais Anja Taylor Joy n'a pas le charisme de Charlize Theron, ce qui n'est pas un soucis en soi, vu qu'on assiste à la naissance du personnage. Car comme je le disais, la vraie problématique de ce film est de venir APRES Fury Road, chose qui d'entrée de jeu, l'oblige à être comparé à ce dernier.

L'erreur de Miller fut d'avoir voulu joué sur son propre terrain. Il aurait probablement été préférable de changer complètement de genre, quitte à laisser totalement de coté la formule Mad Max. C'aurait été vraiment radical, surtout que les meilleurs moments du film sont ceux qui se déconnectent purement et simplement de Fury Road.

En résumé, Furiosa m'a déçu de par son trop grand attachement à la saga Mad Max.