D'emblée, la tâche s'avérait ardue pour ce préquel, atteindre les sommets de badassitude mécanique d'un "Fury Road", c'était placer la barre très haute. Miller réussit néanmoins à nous livrer un grand spectacle d'action "old school" qui ne démérite pas. Les courses-poursuites vrombissantes et les voltiges automobiles chorégraphiées avec précision régaleront les amateurs. Le réalisateur australien démontre une fois de plus son génie inventif, en imaginant des scènes d'action non seulement spectaculaires et déjantés à souhait, mais également d'une créativité ébouriffante. La générosité et l'audace du cinéaste transparaissent tout au long du film, rendant l'aventure aussi imprévisible qu'exaltante.
Miller profite de ce préquel pour étoffer le background de son univers post-apocalyptique, en puisant dans de nombreuses références qui confèrent au film son charme unique, à la fois brut et légèrement burlesque. Cependant, "Furiosa" ne parvient pas à atteindre la fluidité narrative de "Fury Road", la trame manque de cohésion et de structure, ce qui engendre des baisses de régime qui nuisent à l'intensité du film. Cette histoire de vengeance décousue ne bénéficie pas du souffle suffisant qui lui aurait permis d'atteindre l'ampleur attendue. L'utilisation significative d'effets spéciaux et de fonds verts jure pas mal avec la marque de fabrique résolument artisanale de la saga. L'affrontement final, très bavard, s'éternise et traduit une vraie difficulté à conclure l'histoire de façon satisfaisante. Le rôle de méchant confié à Chris Hemsworth le sort "un peu" de sa case habituelle mais je n'ai pas trouvé sa prestation pleinement convaincante, à l'instar de celle d'Anya Taylor-Joy, trop falote comparée à la mémorable Charlize Theron.