Au-delà du dôme du tonnerre, au-delà de la vengeance, voire même au-delà du pays des éléphants de mer (Happy Feet); il y a chez George Miller cette recherche d'une direction lointaine ou d'un dépassement de soi dont on ne sait jamais s'il aboutira à la perte ou au salut du héros solitaire. 30 ans après Mad Max troisième du nom, Fury road avait réussi brillamment à nous amener au-delà du Carpenteresque dôme du tonnerre (car oui, la Pam Grier du Los Angeles de 2013 n'est elle pas au fond la Tina Turner du Thunderdome ? - vous avez 2h). Mais que faire ensuite à part marche arrière ?
Dans les ornières de la future imperator, Miller remonte le temps et vient préciser les contours du Wasteland. Furiosa chapitre, cartographie et écrit le récit de cet univers sur une trame rappelant celle des jeux vidéos où chaque nouveau lieu (des points d’intérêt sur une "map" autrement vide) se voit l'objet d'une nouvelle mission. L'effet vidéoludique se voit d'ailleurs renforcé par l'utilisation d'effets spéciaux numériques trop importante. On s'infiltre, on s'évade, on tombe dans un piège et tant d'allers et retours prétextes à des scènes d'actions, culminant en milieu de film avec la scène assez inouïe de l'assaut du camion citerne.
Mais Miller oublie que c'est le côté direct et lacunaire de Fury road qui faisait son efficacité. Les estropiés (le taiseux Max ou la manchote Furiosa) sont relégués au second plan (des seconds couteaux à l'orbite vide ou au bec de lièvre) et font place à de nouveaux protagonistes over the top. De la Furiosa increvable aidée de son bras supplémentaire au cabotinage "dément" de Chris Hemsworth à la prothèse nasale encombrante, on nous sert même un beau gosse de service au service de quelques scènes sirupeuses qui dénotent complètement. C'est que ce Furiosa doit combler une durée plus longue par un scénario plus dense. Et encore une fois Miller se prend les pieds dans le tapis. Si son héroïne ne parle pas plus que Max, elle laisse la place aux dialogues d'un tas de personnages secondaires, des stratégies des chefs de guerre aux idioties des deux fils d'Immortan Joe dont on se serait bien passé.
Love interest, comic relief, CGI... On sent que Furiosa avance dans les pas des repères balisés des films d'action et des recettes Hollywoodiennes. Fini la chevauchée fantastique en ligne droite le long de la Fury road et place au blockbuster complet, qui vient cocher les cases, mais qu'on a déjà vu. Film d'action plus que correct, mais plutôt post-scriptum trop long que l’échappée promise, Furiosa n'aura donc pas réussi à nous emmener au-delà de la Fury road. En prolongeant son générique avec des images du film de 2015, il nous donne même plutôt l'envie d'y retourner, ce qui peut être, n'est pas plus mal.