Tank il y aura des hommes
Fury, c'est le petit nom d'un char Sherman pendant la campagne d'Allemagne en 1945. Un tank ce n'est pas qu'une arme de guerre motorisée, c'est aussi un microcosme au coeur de la bataille, un...
le 16 janv. 2015
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Belle surprise que ce film de David Ayer, réalisateur que je ne connais pas du tout. Film de guerre trouvé par hasard dans un DVD bon marché couplé à un film russe "Stalingrad" de Fiodor Bondartchuk qu'il faudra bien que je commente aussi un jour prochain.
"Fury" comme son nom ne l'indique pas est le nom attribué à un tank Sherman que Ayer va nous proposer de suivre en avril 1945 alors que l'Allemagne nazie est à quelques semaines de sa reddition et que des combats acharnés et sans merci se poursuivent contre des reliquats d'armée totalement fanatisés, des enfants parfois, pour défendre on ne sait trop quoi, peut-être un hypothétique territoire national.
On est bien loin d'un film racontant un épisode historique bien connu et prétexte à un nouvel hommage aux glorieux combattants américains qui, etc, avec la bannière étoilée, etc … Ici, on vit parmi l'équipage d'un tank soit cinq personnes qui constitue un microcosme de gens très différents, réunis par les hasards de la guerre. Justement, le mitrailleur, ayant été abattu, est remplacé par un jeune, Norman, sans expérience qui va devoir se frotter au reste de l'équipe composée d'anciens, ensemble depuis l'Afrique. Leurs réactions dictées par un instinct de survie devenu quasi bestial ainsi que leur lassitude devant un conflit qui n'en finit pas de se terminer, révulsent le jeune qui ne peut admettre des actes auxquels son éducation ne l'a pas préparé, comme exécuter froidement un homme fut-il SS ou tirer sur des cadavres suspects de ne pas être si cadavériques que ça.
Si je devais résumer le film rapidement, je pourrais dire que le scénario raconte l'intégration du jeune dans le groupe.
J'ai beaucoup apprécié le personnage de Don, chef d'équipage du char, interprété par Brad Pitt, dont la personnalité s'avère bien plus complexe que l'apparente dureté bourrue dont il fait preuve face à ses co-équipiers et à Norman en particulier. Et on découvre peu à peu que chacun des personnages a une double personnalité. Celle visible dure, héroïque, animale dont dépend la capacité de survie de l'individu ou de l'équipage, cache soigneusement une plus intime, inavouable, humaine. Sachant que chacun respecte, au fond, à sa façon, la pureté ou la fraîcheur d'esprit de Norman. Elle ne fait que leur rappeler qu'il existe une vie en dehors de la promiscuité dans le char, de l'odeur de la mort et de l'horreur de la guerre.
"Ideals are peaceful, History is violent", répète Brad Pitt à Norman (Logan Lerman) tentant d'expliquer la nécessité de se carapaçonner derrière un masque de guerre, justifiant l'acte de tuer et non celui d'assassiner.
Et puis, il y a cette scène, inutile mais si belle, invraisemblable mais si magique. L'instant où on fait pouce, où on ne joue plus. Je parle de cette scène avec les deux femmes allemandes … Je parle de cette scène où Norman va se mettre au piano faisant tomber les barrières, où Brad Pitt va transcender la violence pour en faire un instant de paix … qui va tourner court.
Scène inutile, invraisemblable, qui n'a rien à faire dans un film de guerre, me dira-t-on. Elle est juste du niveau de la chanson "Marjolaine", chantée en allemand, à la fin des "sentiers de la gloire" (Kubrick). Pour moi, cette scène irréelle est essentielle. Celle qui garantit notre humanité.
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il y a 23 heures
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