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Après l'excellent End Of Watch, et la violence des quartiers américains, David Ayer nous entraîne cette fois-ci au front de la Seconde Guerre Mondiale, en territoire allemand, forçant la cohabitation du spectateur avec cinq militaires américains, dans un tank Sherman. N'en déplaise au spectateur, le ton du film n'a rien d'hollywoodien ; c'est la guerre, qui te tombe sur la gueule comme un obus ennemi et te laisse sur le carreau. Une ambiance crue et sanglante que la photographie terne ne fait qu'alourdir et rendre plus authentique, et effroyable. On jurerait sentir les monceaux de cadavres empester l'air. Néanmoins, Fury n'a rien d'extrême, ni de trash, c'est simplement la dure réalité - une tension poisseuse constante - d'une période qui a rarement été représentée de façon aussi neutre.

Car il ne faut pas s'attendre à voir Brad Pitt prendre des poses cools et Rock'n'roll, ni se lancer dans des actes de bravoure inespérés. Il joue un sergent, à la fois calme, froid et tendre, rappelant le père qu'il était dans The Tree Of Life et véritable tôlier pour son équipe : Jon Bernthal, le baroudeur impulsif, Michael Peña, le chicano beau parleur, Shia LaBeouf, qui poursuit dans les rôles bruts, même s'il sert le regard larmoyant un peu trop souvent, et Logan Lerman, qui surprend par la gestion de ses émotions, nouvelle recrue à travers laquelle on découvre l'univers impitoyable qu'a décidé de dépeindre le réalisateur. On vit deux heures avec ces hommes, sans connaître leur passé. Ayer a ce talent incomparable pour nous faire partager leur quotidien et les apprécier instantanément, même si tous ses personnages ne sont pas développés de manière égale. Les échanges sont naturels, parfois drôles, d'autres sombres. Il n'y a pas de discours patriotique, ni de morale sur la guerre. En trois années, ils ont vécu et commis des horreurs, mais ont développé une fraternité sans pareille, et ça se ressent.

À l'aube de la capitulation allemande, ces cinq soldats prennent part à quelques assauts décisifs à bord de leur tank. Les affrontements sont génialement maîtrisés, à la fois destructeurs et pesants. C'est une toute autre approche de l'action dans le cinéma militaire et Ayer s'en sort avec les honneurs, jouant de la claustrophobie du blindé et de la frénésie sur le terrain ; sa mise en scène est méthodique et intense. L'immersion tient aussi du design sonore impeccable, où chaque respiration et impact de la tôle se vit avec les tripes. La bande-son, par contre, semble par moment en décalage avec le ton du film, et si on reconnaît le style de Steven Price (Gravity) avec ses pistes adagios et ses chœurs, il n'évite pas quelques apports pompeux, et appuis dramatiques faciles sur des passages d'émotion sincère.

Entre Lebanon et Il Faut Sauver Le Soldat Ryan, David Ayer dépeint la progression des troupes avec une réalisation très atmosphérique, faisant gronder l'artillerie, et jaugeant de l'accablement d'une époque sinistre. De sa vision impitoyable, et sa mise en scène excellente, Fury s'impose assurément comme un des meilleurs films de guerre de ces vingt dernières années.
AntoineRA
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le 22 oct. 2014

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AntoineRA

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