Fury, on peut le dire, est un grand pas pour le film de guerre Hollywoodien. Bien loin d'être résolu de tous ces problèmes, cette branche du cinéma a fait un progrès dans le réalisme, dans l'acceptation de la vérité et dans un rejet plus ou moins certain du patriotisme américain, dont nous, européens, nous moquons allègrement.

Et cela se montre dés l'ouverture. Les faits nous sont présentés très simplement, tels qu'ils étaient : les Américains, même s'il menaient la guerre, étaient moins bien équipés que les Allemands et ceci est prouvé par une magnifique scène de combat tank vs. tank (chose à ma connaissance encore jamais faite au cinéma) qui montre la supériorité technique allemande.
David Ayer réalise une grosse moitié de film impeccable. Teintée en gris, l'image de sa caméra nous montre la guerre, la vraie, dans ce qu'elle a de plus réaliste et violent, montrant sans gêne des cadavres à la pelle(teuse). Le réalisme est accentué par un vrai travail réalisé sur le son (tambourinement permanent des bombardements.)
Il consacre la totalité de son film à cette bande de 5 soldats au point même de choisir de ne jamais réellement montrer les nazis ; formes brumeuses, ombres, profils en contre - jour, leur visage n'est jamais montré. On ne fait que les entendre. Ils ne sont pas présentés comme le Mal incarné. En tout cas pas autant que les Américains. Pourtant une envie de tuer presque innée se dégage de ces soldats qui dézinguent avec plaisir des boches. "Jamais eu de meilleur boulot" se complaisent - ils à répéter.
Ayer réalise des scènes grandioses, en tension permanente, à l'image de cette scène longue (un peu trop d'ailleurs) de dîner (et plus si affinités) avec deux allemandes, qui nous surprend à toujours imaginer le pire alors que le résultat n'est que douceur. Dés que le tout devient un peu mélo (l'histoire d'amour plus que fugace entre "Machine" et cette jeune allemande) Ayer nous ramène à une réalité pure et dure (surtout dure) par le biais de ces soldats dont la guerre est leur lot quotidien depuis 3 ans. Seulement jusqu'à un certain point.

La dernière partie du film est démoralisante tant elle coule tous nos espoirs... Le réalisateur fonce tête baissée dans le facile, cherche à créer le pathos, propose à son spectateur de voir des scènes toutes faites et déjà vues (les hommes décident un à un de rester auprès du perso de Brad Pitt au lieu de fuir), et offre un combat final rempli d'invraisemblances (les soldats ont des lance-roquettes anti-chars dés le début mais ne s'en servent qu'à la toute fin, les grenades qui mettent 20 secondes à exploser quand elles sont allemandes mais 2,5 quand elle sont américaines, les soldats américains qui, quand ils se prennent des grenades, meurent mais restent intacts, les pauses alourdissantes dés qu'un personnage meurt - arrêt total des coups de feu, sorte de pause dans le temps ; le combat ne s'arrête pourtant pas !!!!-) le tout accompagné de sa sauce à la "je te cite des phrases de la Bible pour te montrer comme c'est beau et pour que tu pleures". Dommage car la sauce ne prend pas.

Le résultat est une triste déception ; le film se conclut sur une note patriotique, purement hollywoodienne que le réalisateur avait su éviter jusque là avec brio. C'aurait put être un très bon film.

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le 27 oct. 2014

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Charles Dubois

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