Co-production entre le Japon et la Grande-Bretagne, "Furyo" est adapté de deux ouvrages signés Laurens Van der Post, qui revenaient sur l'expérience de l'auteur pendant la seconde guerre mondiale.
Mis en scène avec force par Nagisa Oshima, "Furyo" prend pour cadre un camp de prisonniers japonais à Java en 1942, afin de mieux illustrer la lutte aussi bien physique que psychologique de deux visions de la guerre et du devoir bien différentes, de deux cultures aussi proches qu'éloignées l'une de l'autre.
Mais c'est surtout la rencontre entre deux icônes de la pop-culture qui donne à "Furyo" tout son intérêt, Nagisa Oshima choisissant judicieusement un casting inattendu pour renforcer son propos, confiant les rôles principaux aux musiciens Ryuichi Sakamoto et David Bowie.
Le metteur en scène de "L'empire des sens" orchestre alors un duel troublant et ambigu entre un tortionnaire luttant contre des pulsions que sa condition réprouve, et un officier britannique hanté par son passé et ayant bien l'intention de bousculer l'autre établie. Androgynes et magnétiques, beaux comme des archanges tombés du ciel, Sakamoto et Bowie bouffent la pellicule, parfaitement secondés par Tom Conti et par un Takeshi Kitano encore méconnu dans nos contrées.
Hymne à la liberté d'une beauté picturale indéniable et d'une sensibilité à fleur de peau, "Furyo" est une oeuvre particulière et inconfortable, mais furieusement poétique et fascinante à plus d'un titre, osant exploser les barrières d'un tabou bien réel, et portée par la bande originale planante de Ryuichi Sakamoto.