Hara qui rit
Furyo c’est d’abord un thème musical magnifique qui vous titille les lacrymales pendant tout le long du film. De plus, au-delà d’un film de guerre et d’une histoire de confrontation entre deux...
le 2 sept. 2013
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Cela faisait un petit moment que je voulais voir ce film, mais j'ai décidé de repousser son visionnage jusqu'à Noël pour la vanne, le titre original du film étant "Merry Christmas Mr Lawrence." Si j'avais connaissance de ce film via différents clins d'oeils (dont un très visuel dans Stupeurs et Tremblements) je ne m'y suis intéressé que l'an dernier, lorsque j'ai découvert le Yellow Magic Orchestra et l'un de ses membres les plus célèbres, Ryuichi Sakamoto. Déjà parce qu'il y joue l'un des premiers rôles du film alors qu'il n'avait jamais joué avant (en dehors de clips et de différentes émissions) et ensuite parce qu'il y signe la B.O. du film.
Il faut dire que le morceau-titre, Forbidden Colors, va faire décoller la carrière internationale de Sakamoto qui passera de "musicien célèbre au japon" à "compositeur de B.O. prolifique" en, plus d'être sur-utilisé durant les 20 prochaines années pour servir de musique aux reportages qui parlent du japon ou de la chine parce que du moment que ça sonne "oriental. Après difficile de blamer les gens, vu que le côté "orientalisant" du morceau est totalement volontaire : Sakamoto a étudié à l'université les musiques tribales notamment les musiques d'Okinawa et l'aspect "remise au goût du jour des airs classiques orientaux" était déjà au coeur de ses premiers morceaux. A noter que le reste de la B.O. est loin d'être aussi envoutante et qu'on est plutôt sur de l'utilisation des nappes de synthé. C'était un peu sa spécialité à l'époque (il était clavieriste au sein du YMO qui a lui même inventé le son "synth pop") mais ça rend un résultat très daté et pas spécialement intéressant à écouter.
Si les affiches du film mettent en avant la relation entre le Capitaine Yonoï (Sakamoto) et Jack Celliers (David Bowie) celle-ci n'est que la seconde intrigue du film, l'autre se jouant entre Mr Lawrence (joué par Tom Conti) et le sergent Hara, joué par un Takeshi Kitano Et autant la première est ambigüe et chaotique (et fonctionne surtout sur la frustration d'Yonoï à ne pas reconnaitre son homosexualité) autant je préfère la seconde qui est faite d'un respect mutuel entre les deux ennemis qui n'ont une vision totalement différentes de l'honneur, de la survie et de la guerre.
Là encore, le film aura bien servit le C.V. de Kitano qui jouait pour la première fois en dehors du registre comique. Il a fait décoller sa carrière, notamment à l'étranger où ce côté sérieux était la seule chose qu'on connaissait de lui, ce qui lui a servit à avoir une respectabilité et faire de lui un réalisateur à Palme d'Or. Mais le pire, c'est que j'ai l'impression que Sakamoto et Kitano ont été choisis surtout parce qu'ils étaient à l'aise avec la langue anglaise à une époque où les japonais étaient vraiment réticent à bosser à l'international.
Bref, après avoir dit l'importance de ce film dans l'histoire du cinéma (et de la musique) je dois dire ce que j'en ai pensé. Et... je me suis fait un peu chier. Alors, oui, le jeu des acteurs est impeccable, autant à mes yeux, Bowie n'avait rien à prouver, autant j'ai découvert l'acteur Tom Conti qui apporte avec Mr Lawrence, un peu d'humanité dans un film austère.
Parce qu'on est dans un film sérieux qui parle de la mort et de la guerre : les gradés japonais font souffrir leur prisonniers japonais à force suivre un code d'honneur désuet et il y a deux scènes de seppuku. Et on passe parfois pas loin de la tuerie gratuite (les japonais rapellant souvent qu'ils n'ont jamais ratifiés le traité de Genève.) Mais je tiens à saluer un film réalisé par un japonais qui dépeint une vision très cruelle et impitoyable de l'armée japonaise durant la seconde guerre mondiale (là, où d'ordinaire, c'est plutôt pour dire "non mais y a eu des débordements des deux côtés.")
Mais dans l'ensemble, j'ai trouvé que ça tirait quand même sur ses deux heures et j'attendais quelque chose de plus frontal et explicite, notamment dans la relation entre Yonoï et Celliers Parce que concernant cette intrigue, le film tourne pas mal autour du pot. Si certains plans sont vraiment beaux (notamment le plan mythique de Bowie enterré dans le sable) d'autres usent d'effets d'accélération dans les scènes d'action et c'est un peu risible. Et une des scènes centrales du film (comment Bowie empêche la mort de son Colonel en embrassant Yonoï) est filmé avec un effet que j'ai trouvé kitsch et qui m'a sorti du film.
Est-ce que je le montrerais à des enfants ? Non. C'est pas le but.
Possibilité de remake/suite : Non plus
Le détail qui me titille : David Bowie, 35 ans au moment du tournage qui se joue lui-même lycéen dans les flashback.
Le détail qui a titillé ma meuf : Yonoï est un haut gradé japonais qui porte visiblement de l'eye-liner sans que ça ne choque qui que ce soit.
Suis-je le seul ? : A remarquer que pas mal des coups donnés sont visiblement faux... notamment ceux portés à David Bowie. Je suppose que les figurants avaient peurs d'abimer une star du rock.
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Créée
le 27 nov. 2024
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