Furyo c’est d’abord un thème musical magnifique qui vous titille les lacrymales pendant tout le long du film. De plus, au-delà d’un film de guerre et d’une histoire de confrontation entre deux hommes, Furyo ce sont avant tout des visages. Celui de Bowie avec son regard indescriptible (Funny face but beautiful eyes) et la blondeur de ses cheveux, celui de Ryuichi Sakamoto dont la géométrie improbable le rend d’une froideur sans nom et surtout celui de Takeshi Kitano (qui n’avait pas encore son nom de famille à l’époque) d’une bonhomie sincère malgré son rôle horrible dans ce camp de prisonniers.
De Furyo, voilà ce que je conserve. Des visages d’une profonde humanité, qu’elle soit belle ou laide, un lien insensé entre un tortionnaire et l’objet de son courroux, à la fois objet de désir inavouable et de rejet presque viscéral, et une ambiance propre au cinéma asiatique où la lenteur n’a qu’un but, faire s’insinuer le fond dans la forme.
Et que serait Furyo sans sa fin, entre belles retrouvailles et adieu cruel, d’un Lawrence autrefois libéré par un sergent Hara se retrouvant désormais prisonnier. Les rôles sont inversés mais la manière de les aborder par les deux personnages n’a plus rien à voir. La dignité de l’un répond à la réserve de l’autre. Tout cela aurait pu être « le début d’une belle amitié » si les circonstances avaient été différentes.