Nagisa Oshima s'est surtout fait connaître avant Furyo grâce à des films pour le moins osés, à la limite de l'érotisme (dont certains, avouons-le, l'étaient) grâce surtout à L'empire des sens et L'empire de la passion. Celui lui valut le respect de ses pairs et surtout la possibilité de travailler avec une équipe internationale pour ce film.
Rares sont les oeuvre à s'être approchées aussi près de la volonté de compréhension d'une autre culture en dépit des dissensions qui règnent. C'est une confrontation entre deux mondes en plus de la guerre. C'est aussi une oeuvre qui va étudier les relations humaines d'amitié, parfois d'amour à tendance homosexuelles.
Dans ce camp, justement, il n'est pas bon de montrer trop de sentiments ou trop de compassions envers quelqu'un de l'autre camp. C'est également un combat contre soi-même et contre certaines erreurs du passé. Celliers est celui auquel on s'intéresse le plus à ce niveau et on constate des regrets envers des actions commises à son jeune frère. Il y a cette volonté de se faire pardonner mais Celliers ne peut pas le faire.
Chez Oshima, il y a aussi cette incroyable façon de montrer la cruauté et la barbarie humaine sans s'enfoncer dans la caricature ou dans l'exagération et sait très bien rétablir l'équilibre où ils savent redevenir des êtres à part entières, humains, avec des sentiments et de la compassion. Les scènes de torture physique, de haras-kiris sont montrées de manière crues mais ne sont jamais dérangeantes. En fait le cinéaste a vraiment la capacité de filmer incroyablement bien l'être humain et l'humanité ou non qui peut s'y dégager.
C'est aussi, comme je l'ai dit une relation sur l'amitié. Amitié entre hommes d'un même camp mais aussi très particulières entre le colonel et le sergent du camp et entre Celliers et le capitaine du camp japonais. Si dans le premier, il y a un côté très respectueux, dans le second c'est une relation bien plus tendancieuse qui va s'établir, sous le respect d'une part et l'envie d'en savoir davantage par après. Lorsque Celliers prend le capitaine japonais dans ses bras et l'embrasse, le capitaine fait une syncope, se rendant probablement compte des sentiments qui l'anime. Très forte séquence qui n'avoue rien mais qui laisse supposer beaucoup.
Que dire de la musique de Ryuichi Sakamoto? Elle est merveilleuse. Et puis le casting est impeccable. Avec un incroyable Takeshi Kitano qui s'est dévoilé aux yeux du grand public. Mais il faut bien avouer que Conti et surtout l'étonnant Bowie sont très bons aussi. Un film de guerre assez mésestimé car il ne possède pas une réputation aussi puissante et forte que les autres classiques du genre et pourtant, il s'agit d'un des plus grands du genre.