Un an après « Kentucky Pride » (La fille de Négofol), John Ford revient à nouveau sur les courses de chevaux avec « The Shamrock Handicap » (Gagnant quand même) (les mauvais esprit diront qu’il réalise un « horse opera » de plus). Il marque surtout un retour vers la terre des origines du cinéaste : l’Irlande. Américain de deuxième génération puisqu’il y est né, il garda toute sa vie un attachement sincère à la terre de ses ancêtres. L’histoire commence et se termine dans une Irlande fantasmée et idéalisée. La vie y est parée de tous les bonheurs et de toutes les qualités. Respect des traditions, bière, bagarres, chants, amitiés, respect et amour au sein d’un catholicisme tolérant et bienveillant. Par contraste, les Etats Unis sont décrits comme un monde superficiel, où l’humour potache tient lieu de culture et le règne de l’argent roi mène au comportement du chacun pour soi. Mais contrairerement à son habitude, toute critique sociale est absente de cette comparaison sociétale. Toutefois, fidèle à ses convictions, le réalisateur s’intéresse avant tout à l’humain et à l’histoire d’amour entre l’orphelin devenu jockey et la fille de l’aristocrate local. Avec un scénario qui s’y prête bien, le mélodrame est assumé tout en évitant systématiquement tout côté lacrymal, chaque situation étant désamorcée par un comique assumé. Personnages pittoresques, situations désopilantes, gag récurent (comme la porte du jardin) et trouvaille très cartoon avant la lettre (intertitre en hébreu pour la prière du jockey juif). Mis en scène avec une rigueur exemplaire où chaque plan est utile, chaque séquence pertinente et imbriquée dans le récit, les 66 minutes du métrage passent sans accrocs ni ennui aucun. C’est aussi le deuxième rôle important de la nouvelle étoile de la Fox et futur vedette de « A Star is born » de William A. Wellman : Janet Gaynor (elle sera la première actrice oscarisée, deux ans plus tard) qui, à seulement vingt ans, enchaîne son deuxième succès, après « The Johnstown Flood » (La chevauchée de la mort) sortit également en 1926.