Difficile de me faire un avis sur ce film. Les quelques qualités sont contrecarrées par d'incroyables défauts.
En fait, je me suis dit que les meilleurs moments du film sont ceux où on entend les chansons de Gainsbourg. Du coup, ne vaut-il pas mieux écouter un album ?
Non. Il y a un autre aspect réussi dans le film : son interprétation. Pas tout le monde : Laetitia Casta ne sait toujours pas jouer, et Lucy Gordon (l'asperge censée jouer le rôle de Jane Birkin) est totalement dénuée du moindre intérêt. Mais les deux parents sont très bien campés, et il y a une série de seconds rôles sympas (Philippe Katerine, Philippe Duquesne, Anna Mouglalis ou Claude Chabrol).
Le film se présente comme une succession de scènes. Gainsbourg enfant juif sous l'Occupation. Gainsbourg et sa première femme. Gainsbourg et Boris Vian, Juliette Gréco, Brigitte Bardot, Jane Birkin, la Marseillaise reggae, Bambou... Du coup, inévitablement, l'ensemble manque d'unité et de cohérence.
Le film rejette d'emblée tout réalisme : c'est un conte, c'est marqué au générique. Et, pour ceux qui n'auraient pas compris, le titre précise que Sfar va nous présenter une "Vie héroïque". Mais la question se pose : qu'y-a-t'il d'héroïque dans ce que nous propose le réalisateur ? Le parti-pris pouvait m'interpeller : Sfar refuse catégoriquement de réaliser un biopic (je déteste les biopics !), il s'intéresse à la légende de Gainsbourg plus qu'à sa vie. Le problème, c'est qu'il prend les défauts du biopic (une accumulation de scènes entrecoupées d'ellipses, une vision particulièrement superficielle) et en rajoute d'autres (c'est quoi, cette marionnette horrible qui suit Gainsbourg pendant une bonne partie du film ?). Il tente d'imposer une ambiance magique mais y échoue lamentablement.
L'érotisme ? Trop souvent, Sfar confond érotisme et nudité. La preuve : la scène la plus érotique est la moins dénudée (à mon goût), c'est-à-dire avec Juliette Gréco (bon, il faut dire que c'est Anna Mouglalis, ça peut expliquer mon avis favorable).
Parmi les qualités, il faut avouer que Sfar n'a même pas essayé d'aborder la question du génie de l'artiste. Terrain trop compliqué, trop casse-gueule. Grand bien lui en a pris. Par contre, il insiste sur les failles du personnage, sa timidité, ses doutes, son auto-destruction. C'est assez bien vu en théorie.
Mais c'est trop mal filmé ! Car il faut bien en arriver au défaut principal : Sfar n'est pas un réalisateur. C'est mal filmé, mal cadré, mal éclairé. En un mot, c'est laid !
Il y avait sûrement mieux à faire avec cet extraordinaire artiste que fut Gainsbourg.