Gainsbourg (vie héroïque) par Yas
Bruce Wayne a son double Batman, Clark Kent a Superman, et Gainsbourg a Gainsbarre. Joann Sfar a eu la bonne idée de croiser son univers de bande-dessinées à celui de la réalité musicale d'un des plus grands compositeurs que la France ait connu dans ce film : Gainsbourg, une vie héroïque.
Les héros sauvent des vies, sauvent le monde; celui-ci brave l'humanité de sa plume incisive et provocante. Véritable génie, il est aussi reconnu pour ses effronteries, comme le billet de 500 francs brûlé sur un plateau de télé ou sa version reggae de la Marseillaise. Ce double, Gainsbarre, prend intelligemment à l'écran la forme d'un vilain bonhomme à la tête géante, aux grandes mains, long nez, et immenses oreilles, qui suit notre héros partout et l'entraine dans les plus délirantes aventures. Un Gainsbourg parodié et perverti, en somme.
Je sais ce que vous vous dites : encore un biopic. Oui, mais un biopic fait avec beaucoup d'originalité et d'humour. La mise en scène est géniale, l'humour est parfois irreverencieux, et le tout forme un « conte » dont se fait sentir comme une évidence la patte du dessinateur de BD.
Et ces femmes, toutes aussi magnifiques les unes que les autres, qui l'ont aimé, haï, blessé. Ces femmes ont inspiré, façonné ce héros, sans qui d'ailleurs il n'aurait jamais connu cette ascension. Elles sont le fil conducteur de l'intrigue, comme elles ont été le moteur de la vie de Gainsbourg. De sa mère à Bambou, en passant par Bardot, elles sont toutes interprétées par des actrices de talent – mention spéciale à une Laetitia Casta bluffante. Eric Elmosnino, troublant de ressemblance, nous livre donc un Gainsbourg/barre se jouant de la société, et nos yeux brillent d'admiration devant ce héros fascinant.