Belle idée que d'avoir réalisé un téléfilm sur la campagne républicaine de 2008, qui se solda par le lourd échec du candidat John McCain. Première grande réussite : parvenir à rendre presque attachante de nombreuses figures d'un Parti souvent méprisé en Europe, à commencer par Steve Schmidt, pour lequel on ne peut que compatir face à l'ampleur du désastre Sarah Palin. Concernant cette dernière, la détestation n'est même pas le mot venant à l'esprit, juste l'impression d'une incroyable erreur de casting, d'une femme qui n'aurait jamais dû se trouver là, incompétente dans 90% des domaines essentielles pour devenir vice et potentielle Présidente des Etats-Unis.
La seconde, c'est que sans apprendre des millions de choses, cette plongée dans les coulisses d'une élection historique sonne incroyablement juste, fourmillant de détails étonnants et de répliques marquantes, chaque scène semblant avoir été réfléchi pour offrir une grande cohérence à l'ensemble, et surtout un réalisme saisissant. Cela en est drôle tant certaines situations s'avèrent surréalistes, l'œuvre prenant presque parfois des airs de thriller sous haute tension devant l'incroyable bourbier dans lequel le Parti est régulièrement plongé à travers la personnalité hystérique et incontrôlable de Palin, véritable bombe à retardement passant vite d'atout à handicap majeur. A ce titre, l'habileté du montage et la réalisation clinquante de Jay Roach font merveille, rendant idéalement cette ambiance à la fois très « speed » et en perpétuelle réflexion de l'équipe républicaine pour insuffler constamment une nouvelle dynamique à la campagne.
Enfin, c'est également l'occasion d'observer les différentes stratégies pour séduire le plus grand nombre, quitte à se moquer ouvertement des intérêts du pays, comme en témoigne cette invraisemblable séquence de par cœur avec réponses écrites à l'avance sur des sujets pourtant capitaux... Et quand en plus le casting est un régal, de l'incroyable Julianne Moore à l'impeccable Ed Harris en passant par un Woody Harrelson particulièrement inspiré, on ne peut qu'applaudir malgré un léger trou d'air à la fin du premier tiers : chapeau HBO.