Gangs of New York par BlueKey
Concrétisation d’un projet auquel rêvait Martin Scorsese depuis les années 70, Gangs of New York arrive à la suite d’un certain nombre d’autres œuvres épiques et historiques qu’a disséminé le cinéaste tout au long de sa carrière, La dernière tentation du Christ (1988), Le Temps de l’innocence (1993) et Kundun (1997).
Visiblement très inspiré, il livre avec Gangs of New York un nouvelle œuvre de virtuose, puissante, tenue de main maître et grandiose. Brillante réflexion sur la naissance d’une ville, sur l’importance du destin personnel et de celui de tout un peuple, le film a comme principal atout de créer une galerie de personnages et de situations si forte, le tout mis en scène avec tant de créativité, qu’on croirait le cinéma tout fraîchement né et non déjà centenaire.
Il y a du Griffith dans la volonté de Scorsese de tirer de chaque scène le maximum de possibilités cinématographiques, au-delà de la simple ressemblance avec Naissance d’une Nation, et c’était déjà le cas dans Le Temps de l’innocence. Ce film fougueux, violent, offre un rôle en or à Leonardo Di Caprio qui débute sa collaboration avec le cinéaste. L'acteur porte sur ses épaules un rôle imposant, dans lequel il y apparaît juste et même idéal dans l'interprétation de l'obsession et de la fureur. Le reste du casting offre une pléiade d’accents et d’incarnations physiques mémorables – Daniel Day-Lewis impressionnant, Brendan Gleeson, Liam Neeson, Jim Broadbent… Au beau milieu de ces hommes, Cameron Diaz s’avère étonnamment convaincante. Sans crier au chef d’œuvre « absolu » (une dernière partie qui s’essouffle un peu, un éléphant en image de synthèse et une musique finale too much sont les détails qui me permettent de pinailler), on peut néanmoins affirmer que Gangs of New York est du très très grand cinéma.