À chaque film (ou presque), Martin Scorsese transcende et nous emporte dans un nouvel univers portant sa patte et son génie artistique. Ainsi, il adapte en 2002 le roman "Gangs of New York" et, après un tournage éprouvant et quelques dilemmes, le film éponyme sort sur les écrans. La claque, l'aventure humaine épique et bouleversante, le drame de 170 minutes sublime et unique et la renaissance d'un acteur considéré comme un beau gosse sans choix artistique (voire sans réel talent) : Leonardo DiCaprio. Pourtant, avec Arrête-moi si tu peux de Spielberg, l'acteur prouve qu'il est définitivement l'un des meilleurs de sa génération.
Après un joli passage à vide après de petites productions, l'acteur revient sur le devant de la scène métamorphosé : dirigé par Scorsese, il nous fait oublier ses précédentes prestations et devient ici un homme épris de vengeance et de liberté, un libérateur, un messie pour le peuple irlandais attachant et sympathique, un héros. Ce héros, c'est Amsterdam, petite frappe immigrée sur le sol américain, rencontrant difficilement l'amour (excellente Cameron Diaz, méconnaissable), se liant d'amitié avec le caïd du coin (impressionnant Daniel Day-Lewis, sa performance ultime), assassin de son père, usurpateur et bourreau du quartier.
Comme la plupart des fresques de Scorsese, une palette de personnages/pions se mettent doucement en place sur un grand échiquier répondant au doux nom de New York, se trahissant les uns des autres, se tuant continuellement dans un monde violent et sans pitié jusqu'à l'apothéose finale, grandiloquente et bouleversante. Sans dévoiler tous les évènements du film, je dirais que Scorsese réussit une nouvelle fois à nous entrainer dans un univers à la fois réaliste et transcendant, dans une œuvre épique, suante, sanglante et inoubliable. Du grand cinéma et un retour remarquable pour DiCaprio et Day-Lewis.