Il est indéniable devant cette fresque bancale (mutilée par la production ?) que Scorsese n'a rien perdu de son génie formel, mais paradoxalement, cette virtuosité mise au service d'une grande brutalité, dessert presque la noirceur du scénario où le vent de l'Histoire finit par balayer les destins individuels. Parfois un peu lourd, mais souvent épique et charnel, "Gangs of New York" a en outre l'immense mérite de parler ouvertement des clivages violents dont est issu le melting-pot américain, ce qui est un vrai sujet politique, qui plus est d'actualité dans nos sociétés qui s'interrogent sur le communautarisme. On se souviendra en outre longtemps de la mémorable interprétation de Daniel Day-Lewis, qui à lui seul, fait passer sur le film le souffle de la tragédie et de l'humanité. [Critique écrite en 2003]