Le gang se terre de honte
Je vais tuer le suspens d’emblée, ça évitera des cris et des pleurs et pis qu’après j’aie encore à m’excuser, ou peut être que ça évitera à certains de dépenser pas loin de onze euros pour ce qu’une bande annonce mensongère nous vend presque comme une pelloche digne des Incorruptibles ou de L.A Confidential, et je vais vous prévenir que ce film n’est pas le nouvel Incorruptible ni quoi que ce soit d’autre qui pourrait passer pour racé, élégant, ou prenant.
Ce film a des qualités, mais pas celle qu’il prétend.
Je vais encore y aller franco : Emma Stone me laisse de marbre (Stone, marbre, jeu de mots), et encore lui aurait elle fallu posséder de plus gros cailloux pour pouvoir prétendre au rôle de pin-up. Et que celui qui n’était pas tenté de faire des jeux de mots avec son patronyme me jette la première pierre.
Je rejoins @Al_ qui disais que les dialogues étaient écrits à la truelle, et rajouterai que Fleishner aurait dû oublier ses tics visuels de Zombieland pour réaliser son film « de gangster » labellisé reconstitution authentique fifties mention « Tiré d’une histoire vraie ». Ralentis grossiers et autres effets visuels masturbatoires venant régulièrement irriter la rétine et gâcher un spectacle qui aurait gagné à bénéficier paradoxalement (ironiquement?) d’un peu plus de sang froid.
Tiens, je reviens sur le super finot "TIRÉ D'UNE HISTOIRE VRAIE" s'imposant comme un avertissement en début de pellicule ; sentence qui sonne très souvent comme le bruit de gros sabots en approche. Rajoutez un peu de voix off définitive et concluant l’histoire avec une candeur de conte de fée et vous aurez une idée du tacte de la démarche.
C’est qu’au milieu on a affaire à un scénario qui ne tient que le minimum syndical de ses promesses. Ça vole pas haut, ça brasse pas large et ça n’évite pas beaucoup d’écueils, ce qui est dommage car le thème de fond (criminalité sans vergogne et en mutation au milieu du XXème siècle) se ramasse en concours de jet de pisse finalement archi simpliste entre un super flic à grosses couilles et un caïd à grosses couilles.
D’autant plus dommage pour le fond que du côté de la forme c’est plutôt soigné, avec quelques décors qui font mouche et de chouettes costumes ; ce qui m’a fait au passage remarquer qu’on savait encore s’habiller en ce temps là.
Heureusement que Josh Brolin sauve pas mal les meubles ; les scènes fonctionnant un tant soit peu lui étant bien redevables. Ce mec possède une gueule comme on en voit peu ; une gueule qu’on croirait tout droit sortie d’un vieux film de détective en noir et blanc et qu’il trimballe le long du film sans lasser, bien aidé par une mâchoire de G.I et un charisme naturel de meneur d’hommes incontestable.
En face, Sean Penn à nous faire oublier qu’il porte une postiche sur le visage et se contente de boursouffler son jeu, peu aidé par une écriture caricaturale et avare en profondeur. Sinon Gosling, apparemment sous prozac, fait le job plutôt sympathiquement mais nul doute qu’il ne s’est pété aucune veine sur le tournage, néanmoins ça fait plaisir de croiser ce bon vieux Robert Patrick. On dirait que Nick Nolte a mangé Robert de Niro avant de venir tellement ses nouvelles mensurations semblent se mesurer en mètre cube ; bref ça a l’air de cachetonner pas mal dans le fond, mais rien de vraiment désagréable non plus.
Gangster Squad se laisse tout de même regarder si on accepte de laisser au vestiaire la déception d’assister aux premiers pas foireux d’une bande de redresseurs de tords ponctués de touches d’humour qu’on attendait pas forcément, en lieu et place de l’épique croisade d’une bande de vigilante à mâchoires serrées vendue par sa bande annonce. La reconstitution vaut le coup d’œil, ça fonctionne parfois, et Brolin vaut son pesant de cacahuète. Mais rien qui ne rattrape une maladresse et un manque de finesse définitivement très rédhibitoires.
Voilà ce qui arrive quand on croit que pour une histoire de gachette il suffit de quelques trous de balle pour faire un carton.