Jérémie est un garçon hypersensible d'une jalousie excessive, dont le père vient de décéder. En décalage avec son époque et le monde du théâtre dont il veut faire partie, il se prépare au casting de "L'Éveil du printemps", de Frank Wedekind, 1891. Le pitch de cette "tragédie enfantine" : un artiste désorienté, dans un monde hostile, torturé par sa sexualité précoce, qui va se suicider. Une sorte de mise en abyme de Jérémie et de Nicolas Maury lui-même, qui signe un film très empreint de sa sensibilité. Peut-être le réalisateur y a trouvé une forme de thérapie et d'exécutoire de ses passions refoulées.
Le rendu est un film flagada, se voulant drôle et philosophique, sans arriver ni à l'un ni à l'autre. Toute l'intention poétique est éclipsée par la préciosité du ton. Désorienté, chiffonné, torturé. Nicolas Maury livre sa proposition sur l'artiste, sur les variations du couple, une vision qui peut toucher ou laisser complètement indifférent. La musique, sorte de clavecin, est bien trouvée, à la fois mélancolique et hors du temps. Un mérite de ce film reste que sa proposition est totalement assumée, jusqu'à la chanson finale, mièvre, gentillette et risible.