Claude Miller signe avec "Garde à vue" (1981) un très bon film policier français, adapté d'un roman de l'auteur anglais John Wainwright.
Un notaire de province est soupçonné du viol et du meurtre de deux petites filles, après avoir découvert le corps de l'une d'entre elles. La police ne dispose d'aucune preuve, mais l'attitude ambiguë du suspect pousse l'inspecteur chargé de l'enquête à le placer en garde à vue.
Commence alors un oppressant huis-clos qui réunit, en cette nuit de la Saint-Sylvestre, un flic humain mais sans pitié (Lino Ventura, impérial) et un notable antipathique pétri de contradictions (Michel Serrault, très à l'aise dans la peau de ce personnage à la fois arrogant et pathétique).
L'inspecteur Belmont vient apporter un contrepoint humoristique, moins cérébral, puisque celui-ci a tendance à parler avant de réfléchir, et à cogner avant de parler! Inénarrable Guy Marchand, qui nous offre un fou rire aussi imbécile que salvateur dans cette atmosphère au couteau, où les dialogues soignés de Michel Audiard sont autant de salves meurtrières entre les protagonistes.
Romy Schneider complète tardivement la distribution, en apportant un témoignage décisif dans l'affaire, avant que deux "twists" successifs ne viennent clore de façon puissante et inattendue ce film assez bref (moins d'une heure et demie).
"Garde à vue" s'achève alors sur un cri déchirant et un échange de regard bouleversant, qui hanteront longtemps la mémoire des spectateurs de ce polar devenu un classique du cinéma français.