Jean Gabin incarne un prolétaire d'une façon comme on l'a vu faire bien souvent. Ce routier sympa (il l'est encore la même année avec Henri Verneuil, dans "Des gens sans importance") est l'amant d'une institutrice -rôle sans réelle utilité- tellement plus jeune qu'on croit encore moins à Gabin amant que Gabin routier...Il faut dire que son jeu inexpressif enlève beaucoup d'intérêt à son personnage.
Jean Chape est suspecté par des truands d'avoir subtilisé le butin d'un complice qu'il a accidentellement écrasé au volant de son camion. C'est le début d'une intrigue que Grangier met un temps en sommeil, s'attachant pour l'instant à mettre en scène une sorte de chronique ouvrière et provinciale, chronique à laquelle on accorde peu de crédit tant elle manque d'une véritable dimension sociologique et de seconds rôles significatifs.
Sobrement mais superficiellement, Grangier évoque le labeur des routiers puis, avec le retour de l'intrigue en tant que telle et
l'arrivée au village des truands,
leurs solidarité corporatiste. Comme en témoigne le dénouement spectaculaire -le seul moment fort du film- et ses scènes d'action d'un bel effet qui closent un récit volontairement simple mais sans grand relief.