Je suis d'avis partagé sur ce film. J'ai aimé beaucoup de choses, mais d'autres m'ont déplu, gêné. Et plus j'y repense, plus ces sentiments négatifs prennent de l'importance dans ma perception du film.
Gaspard va au mariage, 3ème film d'Antony Cordier dont j'avais apprécié Douches froides, est plutôt agréable à regarder. Il surprend, amuse par sa singularité, dès le début et tout au long du film. Les décors ou extérieurs sont très agréables : la grande maison pleine de caractère (aux environs de Limoges), le parc animalier ou petit zoo attenant, enfin la forêt domaniale contiguë à l'ensemble maison/parc. Les personnages de l'histoire sont plutôt sympas, drôles, cool, fascinants, déroutants et les acteurs qui les personnifient sont tous bons ou très bons ; dommage que Johan Heldenbergh (le père sur le point de se remarier) crie parfois sans raison. En revanche, Christa Théret et Marina Foïs sont excellentes, chacune dans son rôle. L'histoire racontée en choral se suit bien, progresse bien et ça jusqu'à la fin.
Mais certains partis pris du film m'ont agacé ou déplu. Coline (Christa Théret) se prend pour une ourse, se trimballe toute la journée avec une peau d'ourse sur le dos (ça, en plein été), on la voit marcher à quatre pattes recouverte de sa peau d'ourse (sûr que c'est hyper commode), mâcher des brindilles dans la forêt (comme le font les ours ?), etc. Bien sûr, ça rappelle Peau d'âne, mais c'est beaucoup plus "tiré par les cheveux" que dans le conte de Perrault, la peau d'ours étant ici supposée repousser les éventuels soupirants de la belle qui, elle, est amoureuse de son frère Gaspard. La problématique de Coline, telle que présentée dans le film, m'a semblé peu crédible. Comment croire que cette fille jolie, sensible et à la vingtaine largement dépassée ne se soit intéressée à aucun mec autre que Gaspard (lequel a déserté la maison limogeaude depuis des années et n'y revient, accompagné d'une Laura / Laetitia Dosch, que pour le remariage de son père) ?
Par ailleurs, je suis tout sauf prude, mais voir le père de famille se déshabiller intégralement devant ses trois enfants (adultes, c'est entendu) et, en tenue d'Adam, se foutre dans un aquarium pour s'y faire bouffer les peaux mortes (et ses plaques eczémateuses) par des petits poissons, genre sardines, qui adorent ça et ainsi subir de longs plans de son anatomie côté pile et côté face me gêne et me met mal à l'aise pour le pauvre acteur (Johan Heldenbergh) obligé de subir ça pour avoir le rôle et le cacheton. Et comme pour ne pas faire de jaloux, le réalisateur "offre" également à Félix Moati une scène, même si plus fugitive, de nudité frontale : on le voit s'extraire de la baignoire et traverser à poil la salle de bain pour aller ouvrir la porte à Coline qui insiste pour entrer. Une minute plus tard, on ne coupe pas à la scène du frère et de la soeur partageant la même baignoire, scène qui n'est pas particulièrement bien filmée d'ailleurs. J'ai trouvé ce moment d'attraction et de tension incestueuses assez lourdingue, et que Félix Moati, dans le rôle du frère embarrassé par les provocations de sa jolie cadette, n'est pas très à l'aise dans cette scène de bain à deux. Ce climat de sensualité, sexualité larvées au sein de la cellule familiale m'a semblé pesant, trop appuyé, lourdement démonstratif. Et cette démonstration freudienne à la mords-moi-le-noeud nuit à la fantaisie du film, à son charme et à sa crédibilité. J'arrêterai là mes critiques, mais dans l'ensemble, la visite de ce zoo en déliquescence finit, au niveau de ses gestionnaires comme des animaux, moins légèrement qu'elle ne commence. Sur un sauve-qui-peut général.
Conclusion. En toute justice, j'ai quand même, malgré un peu d'agacement, passé un plutôt bon moment. Je ne me suis pas ennuyé. Et le positif l'emportant sur le négatif, un "6" n'est pas immérité.