A la fois comédie sentimentale, film de famille et conte sur le passage à l’âge adulte, ce Gaspard va au mariage est éminemment sympathique. Beaucoup de fantaisie et de bonne humeur, ainsi qu’un peu de gravité, abandon de l’enfance oblige.
Cette part d'enfance est symbolisée par la forme du conte. Au début, Gaspard rencontre Laura, sa princesse, alors qu’elle est endormie au bord d’une voie ferrée et bloque le train qu’il prend pour aller au remariage de son père. De même, sa sœur Coline, porte une peau de bête sur le dos, ce qui évoque inévitablement Peau d’âne. Enfin, le zoo et le fait de vivre au milieu des animaux, est un rêve d’enfant, d’autant que ce zoo se trouve dans la nature et que les animaux ont beaucoup d’espace.
Parallèlement à l'aspect conte de fée, la famille de Gaspard est également très active auprès des animaux, de façon très concrète et professionnelle. Par ailleurs, ils ont tous gardé une forme d’animalité. On les voit à plusieurs reprises nus, le père le premier, qui se baigne dans un aquarium pour que de petits poissons lui mangent son eczéma (scène magnifique). La fille porte une peau d’ours sur le dos et a un comportement très instinctif proche de celui d’une bête. Ils vivent relativement à l’état de nature, même s’ils habitent une très belle demeure et qu’ils travaillent.
La mère est morte, mais les liens familiaux sont restés très forts. Trop peut être, comme en témoignent les rapports à la limite de l’inceste entre Gaspard et sa sœur Coline. C’est d’ailleurs peut être parce qu’il se sentait étouffé que Gaspard a quitté sa famille pour aller vivre en ville. Et c’est pour signifier à sa sœur que leur relation ambiguë ne pouvait perdurer qu’il a pris soin d’amener Laura avec lui et de la faire passer pour sa copine.
C’est la découverte de cette famille atypique qui retient l’attention. Les personnages sont attachants et j’aurais même bien aimé qu’on les découvre un peu plus et que certaines situations soient plus développées. Mais cette famille fantasque est néanmoins agréable à suivre.
La comédie sentimentale est de mon point de vue moins réussie, bien que les deux protagonistes soient charmants. Alors que les situations sont typiques des comédies romantiques, la mayonnaise ne prend pas vraiment et je n’ai pas senti que les deux tourtereaux avaient l’air vraiment amoureux. Au début, ça se comprend, parce qu’ils ne le sont pas, puisque Laura joue la comédie en endossant le rôle de fausse fiancée, mais ensuite, je n’ai pas eu vraiment l’impression que leurs sentiments évoluaient.
Alors que la première partie est enchantée, la gravité fait son apparition avec la fermeture éventuelle du zoo et l’éclatement probable de la famille qui en découlerait. Mais devenir adulte suppose d’abandonner "le vert paradis des amours enfantines" cher à Baudelaire. Une époque doit s’achever pour que l’autre commence, nous dit en substance Antony Cordier et pour entrer dans le monde adulte, il faut quitter le cocon familial et voler de ses propres ailes.
Il y a des maladresses, tout n’est pas maîtrisé, comme le début un peu plat ou la fin un peu convenue, mais il y a de très bons moments, comme la scène de l’aquarium, la danse de la fratrie ou Laura descendant l’escalier en robe de mariée. Des bonnes idées sympas aussi comme les inventions de Gaspard et la présence des animaux (même si on les voit peu).
Les acteurs sont très bien également, Félix Moati, Laetitia Dosch, Guillaume Gouix et Marina Foïs, mais j’ai surtout aimé le père, Johan Heldenbergh (vu dans Alabama Monroe) et la fille, Christa Theret, très intense dans son rôle de jeune femme sauvage.
Pour conclure, je dirais que ce film n’est pas parfait, qu'il aurait pu être plus enlevé, mais qu’il a le mérite de posséder de la fantaisie et de l’originalité, sans être complètement niais, ce qui n’est pas si courant dans le paysage cinématographique français actuel.
Note: 7,5