Inventé par Francis Scott Fitzgerald et ici scénarisé par Francis Ford Coppola, Gatsby est aussi intrigant que fascinant, étrange ou mystérieux, mais aussi symbole d'un souvenir glorieux, mélancolique et désenchanté d'une période importante de l'Histoire Américaine, où le rêve se mêle à la désillusion.
Cette description colle aussi à l'amour qui est mis en scène par Jack Clayton, symbole d'un temps qu'on ne peut rattraper et de destin que l'on ne peut effacer. Dès que le personnage de Gatsby est introduit, on navigue dans une ambiance mélancolique et rêveuse, ainsi que folle, allant à merveille avec la description de la bourgeoisie de cette époque. L'auteur donne l'impression d'une société vivant dans une bulle, qui risque à tout moment d'exploser, avec des personnages fantasques où la fête, les relations extra-conjugales et l'argent coulant à flot sont une monnaie courante.
C'est donc une Amérique face à ses propres excès qu'il met en scène, et au milieu de tout ça une histoire d'amour qui semble impossible, tant le temps a eu un impact sur elle. Il dresse des tableaux passionnants, notamment Nick, personnage réservé par qui on va suivre les événements, et Gatsby, milliardaire torturé dont les mystères ne vont jamais vraiment s'éclaircir. Autour d'eux, les personnages dépeints sont tous un minimum consistants, en particulier le couple composé de Tom et Daisy, et c'est cette dernière qui deviendra l'élément central du film.
Cette société assez froide finalement, est aussi l'image de Gatsby, dont les excès semblent surtout cacher une quête profonde d'identité. Clayton arrive à donner un vrai souffle à cette oeuvre, mêlant classicisme et romantisme et parvenant à nous imprégner de cette atmosphère. La reconstitution est remarquable, participant pleinement à l'immersion au cœur de cette histoire, tandis que les comédiens savent s'effacer derrière leur personnage, tant Redford dans un rôle pourtant compliqué, où il parvient à faire exister les failles de son personnage derrière une allure parfaite, que ceux qui l’accompagnent, que ce soit Bruce Dern, Sam Waterston ou Lois Chiles.
En signant The Great Gatsby, Jack Clayton, accompagné par de remarquables comédiens, parvient à faire vivre ce personnage aussi fascinant que mélancolique et mystérieux, au sein d'une société folle et en quête d'identité, avec une maîtrise tant dans le fond que la forme, nous entraînant dans ce fragment fragile de l'Histoire américaine.